19 mars, 2024

Réflexions Politiques

Octobre 2012

Des Etats Généraux de la Démocratie Territoriale

Pour avoir écouté François Hollande parler aux élus locaux en clôture de biens superficiels « Etats Généraux », j’en retire une inquiétante leçon. Cet homme est résolument décidé à ne rien faire, comme si tout pouvait se prolonger sans être remis en cause à aucun moment.

Certes, il y eut parfois l’esquisse de l’esquisse d’un diagnostic sincère et utile ; par exemple lorsqu’il constate que depuis 20 ans les dépenses des collectivités locales ont progressé chaque année de plus de 3%, bien au-delà de la croissance du PIB. Mais les causes et conséquences de cette irrésistible marée de la dépense publique locale ne sont pas approfondies. Elles n’ont donc aucune perspective d’amélioration. Un constat qui cependant a fait murmurer à sa gauche « C’est du Sarkozy dans le texte». C’est donc, hélas, un constat sans conséquences, alors que les signaux d’alerte sont allumés depuis près de 20 ans en matière de dépenses publiques.

Pour l’essentiel, c’est un conservatisme noyé dans la bonne conscience avec de surcroit deux incongruités.

Conservatisme parce qu’aucune réforme de structure n’est envisagée, si ce n’est, et l’on doit s’en réjouir, un statut renforcé des Agglomérations. Mais si l’on ne va pas, comme le voulait Edouard Balladur en la matière, vers une véritable unité, nous resterons dans le registre des intentions grandiloquentes de Pierre Mauroy, qui s’évanouissaient dès que l’on imaginait pour les agglomérations, des fusions communales dans les travaux du Comité Balladur.

Conservatisme parce que le rapprochement Département/Région que nous avions organisé à partir des nouveaux élus communs aux deux niveaux, les conseillers territoriaux, est abandonné.

Conservatisme habillé des mots : confiance, cohérence, clarté. Ces mots utilisés par François Hollande consacrent en vérité le statu quo actuel, en annonçant comme projet, ce qui existe déjà : expérimentation, chef de file, compétences sociales des Conseils Généraux et compétences économiques pour les Régions. Pas nécessaire de faire une loi pour cela !

Par ailleurs, il propose deux incongruités : le Haut Conseil des Territoires d’abord, projet phare du Gouvernement, qui illustre le mot de Clémenceau « Vous ne voulez rien faire, faites une commission ». Plus les titres ont de l’emphase, plus les actions  sont modestes. Ce lieu de rencontre existe : c’est le Parlement et particulièrement le Sénat. Encore faudrait-il consolider ce cumul raisonnable qui est la règle acceptée aujourd’hui d’un mandat national et d’un mandat local.

On imagine les relations faciles d’un Haut Conseil, conservateur des structures existantes, et d’un Parlement dont les élus n’auraient pas ou plus d’expérience locale. C’est absurde et accessoirement coûteux.

La deuxième incongruité réside dans ce projet des Conseillers Généraux élus par couple – ceux-là hétérosexuel au nom de la parité – dans des cantons sans doute regroupés. Qui aura été élu des deux ? Qui pourra parler et au nom de quelle partie des cantons : dans l’administration locale, nous avions parfois Courteline, nous aurons souvent Labiche ou Feydau. Peut-on aimer les territoires et se moquer ainsi de leur représentation ? Si le Parti Socialiste tient à la parité, qu’il s’oblige lui-même à n’investir pour les départements que des candidatures « équilibrées ».

On banalise le genre pour le mariage, on le sacralise pour l’élection : laissons les Français choisir librement. Les partis qui oublient les femmes commettent une faute et une erreur. Qu’ils soient sanctionnés certes mais épargnions-nous les artifices absurdes, sinon à quand une vice-présidence nationale de sexe opposé, ou pourquoi pas la règle qu’après un Président d’un sexe défini, ne pourraient pour sa succession ne se présenter que des candidats du sexe différent du sortant.

Avec Nicolas Sarkozy et François Fillon nous avions choisi une architecture forte. D’un côté le bloc communal et intercommunal avec une règle : toutes les communes sont respectées mais toutes les communes doivent travailler en interco et nous y sommes parvenu. En revanche, les intercommunalités étaient libres de s’adapter aux réalités du terrain. De l’autre côté, un bloc Département/Région dont l’entente était scellée par la création du conseiller territorial là encore les coopérations étaient libres et adaptées. Sur ce deuxième point et ce deuxième point seulement, les socialistes reviennent en arrière par manque d’audace, par manque de réalisme, par conservatisme. C’est navrant, mais c’est exactement ce qui les caractérise.

Rendre hommage aux territoires est aussi utile qu’estimable, je le pense profondément. Mais boucler durant l’été une réforme et bâcler en quelques heures des sujets qui mériteraient la mobilisation de nos institutions n’est qu’un hommage superficiel, au mieux, ou une caricature de démocratie participative, en vérité. Le CESE, le Sénat et l’Assemblée sont faits pour étudier les textes qu’un Gouvernement de son côté accepterait de voir amendés au terme d’une période de débats conduits par nos élus nationaux.

Paraphrasant Gide je conclurai, les bons sentiments ne suffisent pas à faire les bonnes réformes. Il n’y a pas de bon vent pour le navigateur qui ne sait pas où aller. Le Gouvernement n’a pas choisi  son cap, comme Nicolas Sarkozy et François Fillon avaient eu le courage de le faire.  Choisir n’est pas un acte familier au Président et les collectivités locales vont en souffrir comme d’ailleurs tous les secteurs en crise de notre Société.

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Septembre 2012

L’unité de la droite parlementaire a été voulue à la veille de l’élection présidentielle de 2002 par ceux qui souhaitaient donner le plus de chance à Jacques Chirac et mettre fin à des duels de primaires qui nous avaient épuisé en 1981 et 1988 et qui avaient laissé des traces profondes en 1995 dans les deux familles RPR et UDF.

L’éviction du candidat socialiste en 2002 de l’accès au 2ème tour consacrait la pertinence de ce choix que la résistance du FN à un haut niveau malheureusement consolidé.

Avec l’échec de mai 2012, la direction de l’UMP change de nature. Le Président de la République Nicolas Sarkozy en était l’emblème politique depuis 2005. Depuis 2007, les Secrétaires Généraux de l’UMP avaient la double mission d’organiser et d’animer l’UMP sans trahir ni la volonté du Président, ni celle des adhérents ; volonté des inscrits dont la prise en compte est un facteur de « développement durable ».

Jean-François Copé a parfaitement rempli sa mission et on ne peut que le féliciter. Mais désormais, il ne s’agit plus d’élire un Secrétaire Général mais bien un Président, c’est-à-dire quelqu’un qui anime, arbitre et aussi représente, hors de l’UMP, notre formation.

Or, force est de reconnaître qu’entre le centre qui hésite et l’extrême droite qui s’isole d’elle-même, l’UMP, formidable machine de premier tour, paye chère sa solitude au seul profit du PS.

La performance de Nicolas Sarkozy le 6 mai 2012 est toute personnelle : sans aucun soutien il bondit en deux semaines de moins de 30% 15 jours avant à plus de 48,5%. Hélas, cela n’est pas suffisant et nous avons perdu le 6 mai, comme nous avions perdu les municipales de 2008, les régionales de 2010, les cantonales de 2011 ainsi que les sénatoriales de septembre de la même année.

Si nous avions sauvé les apparences aux européennes, c’est bien parce qu’il n’y a qu’un tour et alors arriver en tête suffisait.

Mais dès lors qu’il faut fédérer, l’UMP s’essouffle et c’est exactement la mission de notre futur Président de l’UMP que de s’attaquer à cette réalité.

Pour la droite, l’analyse économique d’aujourd’hui confirme notre action d’hier. Tous les efforts d’adaptation sont nécessairement impopulaires mais notre majorité  avait l’avantage de défendre les efforts utiles là où nos successeurs de gauche sont dans le déni de la réalité et donc ne supporteront pas l’épreuve des faits. Pour sa part l’extrême droite est hors jeu du débat économique.

Déni de réalité, car la crise Française n’est pas seulement celle des finances publiques, elle est d’abord celle d’une compétitivité affaiblie dans un monde plus exigeant. Les finances publiques en souffrent parce qu’elles portent l’endettement d’un pays qui prétend consommer plus – en monétaire et non monétaire – travailler moins, et emprunter la différence. Raymond Barre en avait fait le cruel diagnostic dès 1988 et aucun Président élu n’en a tenu compte, hélas.

Gagner des parts de marché c’est soutenir la dynamique de l’offre : coût du travail, l’abondance du capital, liberté d’entreprendre. C’est le contraire qui a été fait.

Le social amplifie le coût du travail qui presque seul le finance ; le capital n’est pas suffisant, absorbé par le financement de la dette et tenté par des placements hors France. Quant à la liberté d’entreprendre, au principe de précaution s’ajoute les corporatismes de tout poil et le devoir absolu de tout « verdir » et quelqu’en soit le prix comme en matière d’énergie.

Comme les socialistes ne s’attaquent à aucune de ces difficultés, leurs décisions budgétaires d’aujourd’hui, en apparence vertueuses, feront fuir le capital et pire encore feront fuir les entrepreneurs. Avec l’IGF en 1981 les « retraités » partaient, avec les 75% d’impôts et le doublement de l’ISF c’est la certitude de l’hémorragie des jeunes créateurs qui savent que pour créer de la richesse il ne faut pas rester en France.

L’argent n’est pas tout, certes et la société ne se résume pas à l’économie. Mais sur ce deuxième rendez-vous majeur, celui de la modernisation de notre société, la gauche est pour l’essentiel à côté de la plaque : chacun veut plus d’autonomie et de liberté dans sa sphère sans pour autant supporter les pressions extérieures et les risques de toute nature, c’est normal. Or, les risques et même la brutalité sociale apparaissent chaque jour plus forts. Craintes physiques pour les habitants de certains quartiers, découragement civique de par le dysfonctionnement de trop de services publics, comme l’école ou les transports. Sans être violente, notre société paraît absurde quand l’urbanisme est sans cohésion et les infrastructures non pertinentes et les territoires de toujours délaissés.

A tous ces défis la réponse est nécessairement « Girondine », décentralisée et pourquoi le cacher concurrentielle, émulatrice et différenciée. En un mot, la responsabilité locale me paraît plus pertinente même si elle ne garantit pas l’égalité instantanée de tous sur l’ensemble du territoire. Elle crée en revanche l’émulation pour le bien et pour le beau. C’est le contraire de la normalisation centralisée où la recherche de l’égalité s’accompagne de la certitude de l’échec.

Je ne vois aucun domaine de société où le PS tienne la corde pour les bonnes solutions. Le PS ne fait pas confiance aux Français. La liberté lui fait peur. Or la liberté, dont la décentralisation est une des déclinaisons, est la seule réponse aux situations complexes qui sont désormais la règle de notre société.

Regardons maintenant sur notre extrême droite.

Marine LE PEN, l’espace d’une candidature aux Présidentielles, a mesuré son propos. Mais dès la rentrée, les simplicités  brutales réapparaissent. Electoralement, nous ne pouvons que nous en réjouir ! Elle creuse le fossé qui l’isole. Mais ne laissons pas de nouvelles illusions s’emparer d’une fraction de nos compatriotes.

Le Front National est l’enfant non-voulu de la mondialisation. Pour les classes populaires d’abord confrontées plus que d’autres à la mondialisation de la main d’œuvre. De plus ce sont elles qui vivent en première ligne les difficultés d’une population nouvelle dont personne ne revendique jamais la paternité de la venue. Cette absence de revendication explique sans doute que si longtemps personne n’a voulu en assumer les conséquences. Ni le patronat qui n’embauche désormais que des salariés qualifiés, rarement issus des quartiers difficiles, ni naturellement les élus locaux plus attentifs aux populations anciennes qu’aux nouveaux venus dont les parents d’ailleurs ne votaient pas, ne se sentent responsables d’un problème qui est d’abord national.

Comme Ministre de la Défense, j’ai vécu une expérience d’intégration réussie, de toutes les diversités, au sein de l’Armée. Au-delà, le succès des établissements d’insertion de la Défense, démontre que beaucoup est possible si l’on se fonde sur la bonne volonté et le respect des valeurs traditionnelles. Encore faut-il prendre le problème à bras le corps. Le Front National a beau jeu alors de dénoncer les élites… indifférentes aux difficultés qu’elles imposent aux autres mais qu’elles s’épargnent pour elles-mêmes.

En économie, la mondialisation touche autant le salarié en concurrence avec toutes les mains d’œuvre du monde que le patron si sa taille, ses ressources ou les règlements ne lui permettent pas de s’adapter. Les élites là encore sont en cause : elles veulent imposer des règles dont elles sont manifestement incapables d’assumer les conséquences. La mondialisation est vécue comme un effort à sens unique, porté par quelques uns au détriment du plus grand nombre, alors qu’en vérité c’est un pouvoir d’achat pour nos salariés et un terrain de conquête pour nos entreprises. La mondialisation peut être heureuse, les Français ne le croient pas.

Ces doutes alimentent une inquiétude au profit de la gauche pour les modérés ou au profit de l’extrême droite pour les plus inquiets. Ne leur donnons pas ensemble l’envie de reconduire la gauche à notre détriment.

A cet effet, le Président de l’UMP devra relever trois défis :

a)    Même si tout ce que nous avons à faire en France n’est guère sympathique, il faut en accepter le principe : c’est-à-dire travailler un peu plus et dépenser un peu moins l’argent public.

Un tel cap a coûté à Schroeder en Allemagne le pouvoir, au bénéfice d’une opposition qui a fait exactement la même chose pour le bonheur du plus grand nombre.

Travailler plus pour gagner autant ne fait rêver personne. Il faut et il suffit de rappeler que la victoire seule permet de « remplir les caisses » : il faut donc livrer non la bataille de l’austérité, mais celle de la compétitivité. Au fond c’est Bonaparte mobilisant les soldats de l’an II pour se saisir des richesses de l’Italie du Nord et financer ainsi la République. Se battre pour gagner et non économiser pour survivre. Voilà le premier message de l’UMP. Dans un monde en croissance, la France doit prendre sa part et d’abord en forçant ses atouts, l’énergie, la défense, l’aéronautique, les infrastructures, les grands services publics… Avec le succès des meilleurs on pourra financer une solidarité. Mais d’abord aider les gagnants à rester les meilleurs.

Ce sont les parts de marché et la productivité globale qui permettront l’équilibre des finances publiques. Rappelons que la seule durée légale du travail actuelle coûte directement à l’Etat plus de 15 giga d’Euros et sans doute explique les ¾ de nos pertes de parts de marché, et plus encore 1,5 point de croissance par an en moins… l’objectif doit être  la croissance, l’équilibre des finances publiques en est une des modalités.

b)   Le défi du partenariat : aussi certaine soit-elle de ses idées l’UMP ne vaut que par sa  capacité à fédérer. Fédérer dans la préparation du projet, dans sa décision, dans sa mise en œuvre et dans l’exercice du pouvoir, demain.

Aucun parti en France n’a jamais été majoritaire à lui seul. Si les voix du 1er tour constituent le socle, le 2ème tour est une fédération fragile. C’est un métier que de la préserver. C’est une condition du succès durable pour le Président de la République. C’est la mission politique du Premier Ministre. Et puisque quinquennat il y a, cette fédération doit être entretenue pendant 5 ans, sans que le Président puisse se reconstituer une quelconque virginité par une période de cohabitation. Il y a donc une obligation bien spécifique à l’UMP et à ses animateurs, échapper à la gloire flatteuse et dangereuse d’avoir raison seul contre tous mais au contraire de donner l’envie d’être accompagné.

c)    J’ajoute enfin que la Présidence de la République, clef de voute de l’exécutif ne résume pas à elle seule la vie publique. Le Président de l’UMP doit engager sa formation dans une présence et une conquête des milliers de corps intermédiaires qui structurent notre pays de la plus petite des communes aux plus grandes agglomérations, du moindre club de réflexion aux plus grands débats européens et internationaux. La conquête des cœurs et des esprits, la présence et la familiarité avec tous permet d’étaler les grains qu’affrontent seul, en effet, le Président de la République.

Très immédiatement la feuille de route de l’UMP est de viser la reconquête des collectivités locales. L’UMP doit faire émerger une nouvelle génération politique dont chaque membre assumera à sa place une part du renouveau du pays. Les rendez-vous de 2014, 2015 ou 2016 ne sont pas seulement des positions tactiques pour servir demain un candidat aux Présidentielles. Ces rendez-vous doivent préparer une relève où il ne s’agira plus à tout un pays de se décharger sur un seul, mais de choisir un chef d’orchestre qui donnera le ton et le rythme à tous ses instrumentistes dont la partition commune est celle du succès de la France. C’est une UMP déterminée et conviviale que j’appelle de mes vœux.

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Dans un livre excellent, sur la nécessaire réforme de la France, François Fillon – (La France peut supporter la vérité) – théorisait la disparition du Premier Ministre dans le cadre de nouveau régime présidentiel issu de la mise en œuvre du quinquennat.

Cinq années d’expérience et un échec électoral m’ont convaincu du contraire. Le Premier Ministre a un rôle décisif et pas seulement en raison de la charge écrasante de la Présidence dans l’ordre international qui requiert un chef de Gouvernement très engagé pour seconder et libérer le Chef de l’Etat.

Non, la légitimité du Premier Ministre procède de sa mission politique face à l’opinion et à sa représentation parlementaire. Certes, le quinquennat, la simultanéité des élections présidentielles et législatives donnent le sentiment qu’une majorité absolue s’est forgée au soir du 2ème tour de la Présidentielle et qu’ainsi tout est joué – sauf très improbable aléa législatif –  pour 5 ans. L’échec de la dissolution de 1997 renforce cette apparente stabilité de l’exécutif et de son assise en condamnant désormais une telle tentation.

En réalité, le Président ne peut vraiment compter que sur ses voix du 1er tour. Certes, il est majoritaire au 2ème tour par définition. Mais cette majorité comporte des partisans et des ralliés. Les partisans se délitent plutôt lentement, tant mieux. Mais les ralliés sont eux disponibles pour de nouvelles aventures, et ce très rapidement au lendemain du bref « Etat de Grâce ».

Le scrutin majoritaire à deux tours, l’élan du parti présidentiel donne à la majorité législative du Président une apparente force. Mais il ne s’agit que d’une majorité de raison ou de résignation : puisque le Président est élu, il nous faut éviter la cohabitation qui dès le lendemain de la présidentielle serait source de paralysie. Cette majorité parlementaire est toute relative dans l’opinion en raison du taux très élevé d’abstention. Elle est a bien des égards « introuvable ».

Le rôle du Premier Ministre est donc de construire dans la durée l’alliance du 2ème tour qui dès les premières difficultés se disperse, non à l’Assemblée mais dans l’opinion. L’échec aux élections intermédiaires montre bien la fragilité de l’alliance présidentielle du 2ème tour. Et l’avantage du Premier Ministre c’est qu’il peut être changé sans ouvrir une crise de régime. Etre élu à la majorité absolue n’interdit nullement de construire des alliances, d’élargir son camp, de gérer des apports ou des appuis. C’est la dialectique du Président et de son Premier Ministre.

Le Président, chef de l’UMP, et ne comptant que sur l’UMP, se fragilise pour tous les deuxièmes tours des élections intermédiaires de son quinquennat. Son Premier Ministre, le Gouvernement dans sa dynamique, le Parlement dans son fonctionnement doivent participer à cette recherche permanente d’une assise maintenue, qui sans paralyser l’action permet de ne pas réduire le Président à son seul camp du premier tour. Il y a donc bien trois rôles différents au sien de la majorité : le Président des Français, le Premier Ministre qui gère les forces politiques et le Secrétaire général du Parti Principal, l’UMP qui consolide les voix du premier tour et qui entretient la ferveur du socle, celui des électeurs du 1er tour.

Dans ce partage des rôles les profils ne sont pas les mêmes. Le Secrétaire général mobilise, affronte, organise, ferraille et sécurise les partisans du premier tour. Le Premier Ministre construit, propose, associe, divise l’opposition par ses initiatives et entretient une marge de développement au vue de tous les deuxièmes tours. Le Président prépare son deuxième mandat qui suppose de gagner et le premier tour et le deuxième tour et ce ne sont pas tout à fait les mêmes électeurs. Il doit mobiliser son camp sans fédérer contre lui tous ceux qui n’en font pas partie !

Aujourd’hui, la question posée est celle du Président de l’UMP en Novembre prochain. Le meilleur candidat à la Présidence n’est peut être pas le meilleur Secrétaire Général du Parti. Et le meilleur candidat doit avoir plusieurs « Premiers Ministres » pour plusieurs images d’alliances possibles. Attendre tout d’un seul homme c’est sans doute sacrifier une, deux ou trois des fonctions nécessaires : mobiliser son camp, construire des alliances, rassembler les Français. C’est pourquoi, il n’est pas inutile de réfléchir à la distribution des rôles, les plus immédiats n’étant pas les plus prometteurs, car il est difficile en même temps d’animer, et rallier ou de combattre et rassurer.

L’UMP doit elle être présidentialiste à 4 ans et 9 mois de la prochaine présidentielle, alors que sans alliance, c’est-à-dire sans ouverture, elle ne peut gagner ni les municipales, ni les cantonales, ni les régionales à venir.

Certes les « européennes » peuvent placer l’UMP au premier rang. Mais pour épouser la diversité des terrains, des grandes villes « intellectuelles » aux campagnes inquiètes, en passant par les banlieues « dissidentes », pour réconcilier l’est et l’ouest français, pour comprendre le sud et sans provoquer l’ouest « Catho » ou le Sud Ouest structurellement laïc-radical, l’UMP doit être parlementaire et présidentielle, proportionnelle et majoritaire, accueillante au dialogue et discipliné dans l’expression.

Dans un univers hyper-médiatisé, le charisme d’un candidat peut-il résister à l’usure du temps. Je ne le crois pas. Et la force d’un appareil est bien modeste quant tous les combats à venir sont à la fois intellectuels et locaux. Les idées d’abord parce que les schémas simplificateurs ont fait leur temps. Le terrain ensuite, parce que seule la proximité permet d’étaler les humeurs nationales violentes mais passagères.

C’est donc d’une équipe qu’il s’agit et du talent à faire coexister les talents pour fortifier l’UMP, sans exclure, s’opposer sans provoquer l’agacement, s’affirmer sans s’isoler de toutes les opinions utiles au succès du 2ème tour.

Gérard LONGUET

juillet 2012

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