1 juin, 2023

Hommage à François LÉOTARD

Au-delà des responsabilités politiques qui ont fait de lui, pendant 20 ans, de 1978 à 1998, le porte-parole des générations les plus entreprenantes parmi les « baby-boomers » – aujourd’hui gentiment moqués – François LÉOTARD était d’abord et avant tout, un être d’une richesse humaine et d’un charisme profond.

L’ayant connu à l’ENA où il détonnait par son allure sportive, son ouverture d’esprit et son sens du dialogue, nous avions sympathisé. Élus tous les deux Députés giscardiens en 1978, lui triomphait dans le Var, d’une blessure secrète : l’injustice endurée par son père au lendemain de la tragédie de Malpasset en 1959.

La défaite de 1981 nous avait conduits, à quelques-uns, à former une équipe décidée à reconstruire la famille libérale, européenne, girondine et d’abord partisane de la libre entreprise. François devint vite notre porte-parole et le restera jusqu’en 1998. Cependant l’échec d’Edouard BALLADUR en 1995 – notre candidat – et les alliances malheureuses aux Régionales de 1998 l’éloignèrent définitivement de l’engagement politique actif.

Bien avant beaucoup d’autres, il avait eu raison en soutenant les dissidents de l’Union Soviétique et en défendant, sans aucun sectarisme, les Droits de l’Homme partout où ils étaient bafoués. Sa culture profonde lui permettait d’être toujours actuel sans jamais chercher à être à la mode. Son indépendance d’esprit et son détachement de tous les grigris du pouvoir l’ont éloigné, jeune encore, des combats politiques pour lesquels j’avais soutenu son talent ; je suis fier d’avoir été son lointain successeur à l’Hôtel de Brienne, en 2011.

L’homme était resté, pour moi, un ami dont je ne partageais pas nécessairement les impatiences ou les sévérités mais qui était capable, à tout instant, de donner de la profondeur à l’actualité ou du recul aux impatiences de son époque. Valeureux, désintéressé, amical mais secret et souvent pessimiste, parfois ombrageux, il était parfaitement irremplaçable et reste donc une personnalité exceptionnelle.

Gérard LONGUET – Le 25 Avril 2023.

1993 - Gérard LONGUET et François LÉOTARD
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Motion de censure déposée par le Groupe LIOT à l’Assemblée Nationale

Pour moi, Bertrand PANCHER n’est pas un « fils politique », c’est un frère dont j’ai toujours apprécié l’engagement pour la Meuse et dont je partage l’essentiel des convictions mais pas toutes.

         Aujourd’hui en particulier, à l’occasion du débat sur les motions de censure, dire se ranger derrière Laurent BERGER n’est pas la réponse d’un élu national. Oui, Laurent BERGER est un syndicaliste estimable. Non, il n’apporte pas une réponse de long terme pour tous les français. Et c’est normal, il défend certains d’entre eux mais il n’a pas en charge le pays tout entier pour plusieurs décennies.

Je précise clairement mon point de vue : personne n’a envie de travailler deux ans de plus, et d’ailleurs j’arrête en septembre prochain. Mais la France ne peut rester le pays, en Europe, où l’on travaille le moins et où l’on s’endette le plus.

S’il ne s’agissait que de trouver 15 milliards d’euros pour une année, oui pourquoi pas. Mais l’effondrement de nos naissances – moins 100 000 par an depuis 2012 par exemple – rend la solidarité entre les actifs, de moins en moins nombreux, et les retraités, de plus en plus nombreux – bénéfice de l’allongement de la vie –, tout à fait impossible à financer pour les générations à venir. Ajoutons le déficit des retraites de l’Etat et des régimes spéciaux que le contribuable prend en charge.

Tous les Gouvernements, depuis 1993, s’efforcent de « limiter la casse » décidée imprudemment par François MITTERRAND en 1981. Aucun Gouvernement de Gauche n’est revenu sur les réformes BALLADUR, FILLON, WOERTH et SARKOZY. La réforme TOURAINE, Ministre PS, portant à 43 années la durée de cotisation a été maintenue.

Aujourd’hui, les jeunes qualifiés – dont les études supérieures sont payées principalement par le contribuable et les familles – commencent à travailler d’une façon stable à 24 ans. Faites le calcul, la loi TOURAINE les conduit à s’arrêter à taux plein à 67 ans pour équilibrer le système.

A l’inverse, les jeunes qui commencent à 18 ans s’arrêteraient à 61 ans mais avec une petite retraite car, trop souvent, ils n’ont pas les mêmes salaires la retraite venue. Ce seront des retraités pauvres.

Il faut savoir que tous ceux qui prétendent maintenir l’équilibre actuel acceptent les chiffres du C.O.R. (Comité d’Orientation des Retraites) qui se fondent sur un décrochage de 30 à 40% du pouvoir d’achat des retraités vis-à-vis des actifs.

Naturellement la NUPES veut prendre l’argent des riches. Mais la France n’est pas, loin s’en faut, un paradis fiscal, ni pour les revenus, ni pour les investisseurs. Une fiscalité nouvelle tuera la croissance déjà faible parce que les investissements sont trop pénalisés en France. Le « CAC 40 » réalise en moyenne 80% de son chiffre d’affaires hors de France. Encore une petite pression fiscale et les grands groupes installeront leurs sièges ailleurs, là où ils gagnent leur argent et ce n’est pas en France.

Quant au budget de l’Etat, il est sans disponibilité. L’Education doit mieux payer ses enseignants, c’est le premier poste du budget ! La Transition énergétique coûtera cher. La Santé aussi et de plus en plus. Quant à l’Armée, l’actualité nous prouve l’urgence de pouvoir dire non à tous les agresseurs dans leurs diversités.

J’ajoute enfin que s’il existe une réserve, c’est en effet le taux d’activité des séniors. Mais, là encore, il faudra – comme le Sénat le souhaite – commencer par alléger les charges.

En réalité, c’est une attitude d’ensemble face au travail qu’il faut changer pour retrouver les moyens de financer la solidarité. Si nous ne le faisons pas, la solidarité nationale s’effacera au profit des solutions individuelles voire égoïstes. Cela commence déjà pour la Santé et pour l’Education. Ne pas sauver les retraites par répartition, c’est rendre certaine la démarche individuelle à l’américaine. Pourquoi pas, mais c’est le contraire de la solidarité à la française.

Voter la censure, c’est prendre le risque de confier le pays à MELENCHON ou LE PEN en leur ouvrant la porte du pouvoir. Le jeu de Charles De COURSON est un peu « perdant-perdant », il faut l’éviter.

J’ai trop d’estime pour Bertrand PANCHER pour penser qu’il, sur un acte fort de l’image de notre pays face à son avenir et face au jugement des pays européens dont nous sommes partenaire dans l’Euro, choisisse d’ouvrir la porte à l’un ou l’autre de nos extrêmes car ce ne sera pas, demain, lui et ses amis qui seront en mesure de gouverner la France, mais plus surement les extrêmes.

Gérard LONGUET

Sénateur de la Meuse

Ancien Ministre

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Tribune de Gérard LONGUET dans Le Figaro du 15 février 2023

Gérard Longuet : « Réforme du marché européen de l’énergie, l’épreuve de vérité entre France et Allemagne »

TRIBUNE – La France et l’Allemagne sont profondément divisées sur la question de l’énergie et en particulier du nucléaire, argumente le sénateur de la Meuse et ancien ministre. Un échec sur la réforme du marché européen de l’énergie électrique serait, selon lui, meurtrier pour la construction européenne.


Soixante ans après la signature du traité de l’Élysée, des trois grandes divergences franco-allemandes, l’énergie reste la plus préoccupante à court terme. En 1963, c’était sans doute la Défense qui pouvait nous séparer. Les Allemands profondément atlantistes, les Français le moins possible étaient éloignés. L’invasion russe du 24 février 2022 a durablement rapproché les deux grands pays et c’est un symbole fort que Volodymyr Zelensky ait été reçu, pour son premier déplacement en Europe, à l’Élysée par le président français et le chancelier allemand.
C’est le soutien du président Macron qui a débloqué la livraison de chars allemands Leopard à l’Ukraine. Désormais, l’Allemagne accepte les engagements extérieurs, hier tout à fait exceptionnels pour elle. De son côté, la France ne peut plus négliger l’Otan qu’Emmanuel Macron qualifiait hier de « cérébralement morte ».
Sur le plan économique, la France prend conscience, avec le retour à un temps de travail plus proche des standards européens, qu’elle ne peut plus indéfiniment accumuler des dettes et compter sur l’euro pour les financer à bon compte. Ainsi s’explique l’objectif du report à 64 ans de l’âge de la retraite. Cet engagement est décisif pour conforter la confiance mutuelle entre nos deux pays. Reste alors le fossé de l’énergie qui nous divise en profondeur, aujourd’hui, des deux côtés du Rhin.
Lors de l’organisation à Verdun, le 20 janvier dernier, d’un colloque sur la relation franco-allemande soixante ans après la signature du traité de l’Élysée, j’ai dû constater la réalité de nos différences. Certes, la bonne volonté n’a pas disparu, comme en témoigne l’annonce des solidarités entre nos deux pays, pour écrêter les pointes en échangeant des électrons. Encore faut-il que ce soit techniquement possible.
Le plus important est devant nous : dans les semaines qui viennent, la France, à Bruxelles, doit parvenir à faire bouger les règles du marché européen de l’énergie électrique. Nous verrons alors si le fossé franco-allemand peut progressivement se combler. Un échec serait meurtrier pour la construction européenne. Il dépend largement de notre compréhension mutuelle.


Se libérer de l’énergie fossile


Il nous faut faire accepter par l’Europe ce principe simple : la décarbonation de nos économies passe avant leur verdissement. C’est le CO2 qui génère le réchauffement climatique, pas le nucléaire. Les besoins immenses en production électrique pour décarboner l’industrie, avec le relais de l’hydrogène, supposent des électrons
innombrables, prévisibles tant par leurs quantités que par leurs coûts dans toute l’Europe. Un exemple : décarboner l’hydrogène actuellement consommé en France mobiliserait quatre ou cinq des réacteurs nucléaires de notre pays… Que dire alors des besoins de la sidérurgie, des cimenteries, de la chimie ? Non seulement l’électricité décarbonée doit nous libérer de l’énergie fossile mais elle doit aussi prendre en charge de nouveaux usages dans la mobilité, l’industrie ou encore le numérique.
Comment pourront le faire les Allemands avec la lointaine perspective d’énergies renouvelables importées d’Afrique ou du Proche-Orient ? Ils auront besoin de nous sauf à compter sur un retour du gaz russe ou une dépendance au gaz américain souvent issu de « sous-sols fracturés ». La sécurité en Europe repose sur les pays qui, comme la France, ont l’intelligence du nucléaire. Encore faut-il que l’Europe en reconnaisse les conditions scientifiques et économiques. Ce sont les deux premiers rendez-vous d’un rapprochement franco-allemand au service de l’Europe.
Présente à Verdun le 20 janvier dernier, Franziska Brantner, secrétaire d’État parlementaire auprès du ministre fédéral de l’Économie et de la Protection du climat, s’efforçait d’arrondir les angles, en refusant de stigmatiser la défaillance – provisoire – du parc électronucléaire français. Élégant, certes, mais il ne faut pas oublier, que si nous avons fermé Fessenheim, c’est en partie pour satisfaire nos «écolos» français et nos voisins allemands, dont elle! L’Allemagne a rapidement compensé la perte du gaz russe, c’est vrai, et les équipements nécessaires ont vite été réalisés, c’est un succès allemand. Mais il est irréaliste de penser que l’Afrique, qui manque tant d’énergie et d’énergie décarbonée, puisse sans problème alimenter l’Europe avec des équipements installés chez elle sans en bénéficier d’abord !
Les trimestres prochains vont voir l’Europe affronter deux décisions que l’Allemagne a toujours voulu contrôler :

  • La taxonomie qui doit mettre en avant la décarbonation et pas le seul verdissement
  • Les contrats de vente à long terme qui seuls – à travers mille formules différentes – permettront de financer des investissements à la rentabilité de long terme, comme le nucléaire ou l’hydraulique.

Ce sera l’épreuve de vérité entre la France et l’Allemagne. Nous n’imposerons pas le nucléaire à nos voisins. Mais qu’ils ne nous imposent pas des règles européennes qui condamnent les nécessaires investissements lourds. Seuls ces derniers permettent une électricité pilotable au coût prévisible.
Facturer des capacités aux clients, et non seulement des quantités produites, permettra seul de financer des investissements de long terme. L’électron ne se stocke pas ; l’équipement de production aux Capex (abréviation issue du terme anglais Capital Expenditure, les Capex désignent les dépenses d’investissement d’une entreprise, NDLR) élevées, mais aux coûts opérationnels faibles en proportion, permet de stabiliser le marché en organisant une abondance de l’offre. Que nos voisins acceptent des règles européennes qui le permettent alors chacun vivra sa vie sans condamner l’autre à l’échec. La bataille sera rude, raison de plus pour la mener dans la transparence. Le refus du nucléaire en Allemagne a un coût. Ceux qui l’écartent par principe en ont le droit, mais qu’ils ne nous envoient pas la facture d’un système absurde. Voilà un beau sujet franco-allemand.

Gérard LONGUET, Sénateur de la Meuse, Ancien Ministre

Le Figaro – 15/02/2023

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Projet de loi relatif à l’accélération des procédures liées à la construction de nouvelles installations nucléaires à proximité de sites nucléaires existants et au fonctionnement des installations existantes

« La stratégie appartient au Parlement, la mise en œuvre au Gouvernement ! Nous revendiquons donc la stratégie « 

J’intervenais, cette après-midi au Sénat, afin d’expliquer les intentions de vote du Groupe « Les Républicains au Sénat » dans le cadre du Projet de loi relatif à l’accélération des procédures liées à la construction de nouvelles installations nucléaires à proximité de sites nucléaires existants et au fonctionnement des installations existantes.

Projet de loi relatif à l’accélération des procédures liées à la construction de nouvelles installations nucléaires à proximité de sites nucléaires existants et au fonctionnement des installations existantes Lire plus

Communiqué de presse à la suite du Comité de Haut Niveau du 1er décembre 2022

Un bon Comité de Haut Niveau du projet Cigéo s’est tenu aujourd’hui, à Bure, en présentiel pour la première fois depuis 3 ans hélas.

La Ministre, Agnès PANNIER-RUNACHER, connaissait le dossier et a donné le sentiment de vouloir avancer en tenant compte des préoccupations locales.

Les élus meusiens ou haut-marnais, nationaux, départementaux ou locaux ont tenu le même discours de responsabilité mais aussi d’exigence au bénéfice des territoires.

Les acteurs de la filière électronucléaire (EDF, CEA, Orano) ont compris qu’ils devaient compter sur une équipe déterminée à obtenir les soutiens, en termes d’activité et d’emploi, que la Meuse et la Haute-Marne demandent en contre partie de la responsabilité nationale que ces deux départements – et eux seuls – assument pour la réussite, en France, d’une politique énergétique de décarbonation et de souveraineté.

Tous ont reconnu le climat de confiance que l’ANDRA a su rétablir dans sa zone de responsabilité. Il reste désormais à réussir l’étape de la Demande d’Autorisation de Construction (DAC). Il ne faut ni l’expédier, ni la prolonger interminablement. Une décision définitive et favorable, avant le prochain rendez-vous présidentiel, s’impose.

Gérard LONGUET – Ancien Ministre, Sénateur de la Meuse

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Réaction après la réunion Cigéo organisée au Ministère de la Transition énergétique le 22 novembre dernier

Mardi 22 novembre dernier, avait lieu au Ministère de la Transition énergétique, une réunion sur les travaux relatifs aux enjeux concernant la fiscalité du projet CIGEO et les projets de développement de territoire.

Cette rencontre technique très bien organisée ne nous a cependant pas permis d’obtenir les garanties souhaitées en matière d’accompagnement financier.

Pourquoi réinventer ce qui existe déjà ? Le soutien lié au laboratoire de recherche souterrain de Meuse/Haute-Marne est prévu par la loi « Bataille » de 1991 et on n’imagine pas le remettre en cause tout au long de la durée de son exploitation.

Parallèlement, concernant le futur centre d’enfouissement, il existe une autre taxe spécifique liée au stockage des déchets nucléaires prévue par la loi de 2006. Il advient désormais d’en définir les particularités et les montants alloués en tenant compte du rôle unique et exceptionnel du futur centre de stockage.

Nous, Sénateurs de Meuse et de Haute-Marne, souhaitons rappeler qu’il existe déjà des bases certaines inscrites dans la loi et que c’est à partir de celles-ci qu’il convient de définir le soutien financier apporté à notre territoire.

Gérard LONGUET, Ancien Ministre, Sénateur de la Meuse

Franck MENONVILLE, Sénateur de la Meuse

Charles GUENÉ, Sénateur de la Haute-Marne

Bruno SIDO Sénateur de la Haute-Marne

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