5 novembre, 2024

Motion de censure déposée par le Groupe LIOT à l’Assemblée Nationale

Pour moi, Bertrand PANCHER n’est pas un « fils politique », c’est un frère dont j’ai toujours apprécié l’engagement pour la Meuse et dont je partage l’essentiel des convictions mais pas toutes.

         Aujourd’hui en particulier, à l’occasion du débat sur les motions de censure, dire se ranger derrière Laurent BERGER n’est pas la réponse d’un élu national. Oui, Laurent BERGER est un syndicaliste estimable. Non, il n’apporte pas une réponse de long terme pour tous les français. Et c’est normal, il défend certains d’entre eux mais il n’a pas en charge le pays tout entier pour plusieurs décennies.

Je précise clairement mon point de vue : personne n’a envie de travailler deux ans de plus, et d’ailleurs j’arrête en septembre prochain. Mais la France ne peut rester le pays, en Europe, où l’on travaille le moins et où l’on s’endette le plus.

S’il ne s’agissait que de trouver 15 milliards d’euros pour une année, oui pourquoi pas. Mais l’effondrement de nos naissances – moins 100 000 par an depuis 2012 par exemple – rend la solidarité entre les actifs, de moins en moins nombreux, et les retraités, de plus en plus nombreux – bénéfice de l’allongement de la vie –, tout à fait impossible à financer pour les générations à venir. Ajoutons le déficit des retraites de l’Etat et des régimes spéciaux que le contribuable prend en charge.

Tous les Gouvernements, depuis 1993, s’efforcent de « limiter la casse » décidée imprudemment par François MITTERRAND en 1981. Aucun Gouvernement de Gauche n’est revenu sur les réformes BALLADUR, FILLON, WOERTH et SARKOZY. La réforme TOURAINE, Ministre PS, portant à 43 années la durée de cotisation a été maintenue.

Aujourd’hui, les jeunes qualifiés – dont les études supérieures sont payées principalement par le contribuable et les familles – commencent à travailler d’une façon stable à 24 ans. Faites le calcul, la loi TOURAINE les conduit à s’arrêter à taux plein à 67 ans pour équilibrer le système.

A l’inverse, les jeunes qui commencent à 18 ans s’arrêteraient à 61 ans mais avec une petite retraite car, trop souvent, ils n’ont pas les mêmes salaires la retraite venue. Ce seront des retraités pauvres.

Il faut savoir que tous ceux qui prétendent maintenir l’équilibre actuel acceptent les chiffres du C.O.R. (Comité d’Orientation des Retraites) qui se fondent sur un décrochage de 30 à 40% du pouvoir d’achat des retraités vis-à-vis des actifs.

Naturellement la NUPES veut prendre l’argent des riches. Mais la France n’est pas, loin s’en faut, un paradis fiscal, ni pour les revenus, ni pour les investisseurs. Une fiscalité nouvelle tuera la croissance déjà faible parce que les investissements sont trop pénalisés en France. Le « CAC 40 » réalise en moyenne 80% de son chiffre d’affaires hors de France. Encore une petite pression fiscale et les grands groupes installeront leurs sièges ailleurs, là où ils gagnent leur argent et ce n’est pas en France.

Quant au budget de l’Etat, il est sans disponibilité. L’Education doit mieux payer ses enseignants, c’est le premier poste du budget ! La Transition énergétique coûtera cher. La Santé aussi et de plus en plus. Quant à l’Armée, l’actualité nous prouve l’urgence de pouvoir dire non à tous les agresseurs dans leurs diversités.

J’ajoute enfin que s’il existe une réserve, c’est en effet le taux d’activité des séniors. Mais, là encore, il faudra – comme le Sénat le souhaite – commencer par alléger les charges.

En réalité, c’est une attitude d’ensemble face au travail qu’il faut changer pour retrouver les moyens de financer la solidarité. Si nous ne le faisons pas, la solidarité nationale s’effacera au profit des solutions individuelles voire égoïstes. Cela commence déjà pour la Santé et pour l’Education. Ne pas sauver les retraites par répartition, c’est rendre certaine la démarche individuelle à l’américaine. Pourquoi pas, mais c’est le contraire de la solidarité à la française.

Voter la censure, c’est prendre le risque de confier le pays à MELENCHON ou LE PEN en leur ouvrant la porte du pouvoir. Le jeu de Charles De COURSON est un peu « perdant-perdant », il faut l’éviter.

J’ai trop d’estime pour Bertrand PANCHER pour penser qu’il, sur un acte fort de l’image de notre pays face à son avenir et face au jugement des pays européens dont nous sommes partenaire dans l’Euro, choisisse d’ouvrir la porte à l’un ou l’autre de nos extrêmes car ce ne sera pas, demain, lui et ses amis qui seront en mesure de gouverner la France, mais plus surement les extrêmes.

Gérard LONGUET

Sénateur de la Meuse

Ancien Ministre

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