14 mai, 2025

Pierre Mauroy

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Je viens d’apprendre la disparition de Pierre Mauroy.

Je salue la mémoire et la carrière exemplaire d’un homme de conviction qui portait avec chaleur l’image du socialisme français des traditions SFIO. Premier Ministre de François Mitterrand, il avait accepté l’épreuve des réalités en changeant de cap dès le printemps 1982 pour ne pas nous isoler de l’Europe.

Personnellement plus encore, je retiens l’élu local passionné, défenseur du fait métropolitain même si notre travail en commun dans la commission Balladur 2008/09 m’a laissé le souvenir de plus de passion que de solutions concrètes.

Collègue parlementaire agréable, il succombait rarement au sectarisme et représente une très belle image d’une vie politique au double service d’un territoire et d’une conviction.

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Politique de la famille

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http://videos.senat.fr/video/videos/2013/video18349.html

QUESTIONS D’ACTUALITÉ

Jeudi 6 juin 2013

Baisse du quotient familial

M. Gérard Longuet . – (Applaudissement à droite) Au nom du groupe UMP unanime, j’apporte mon soutien à votre intervention, monsieur le président du Sénat. Il était bon que cela soit dit et vous l’avez fait dans les termes qui convenaient.

M. Jean-Louis Carrère. – Très bien.

M. Gérard Longuet. – Ma question s’adressait à Mme Touraine ; elle aurait pu s’adresser au Premier ministre ou à M. Valls pour le dialogue inutilement musclé qu’il entretient avec les familles. (Applaudissements à droite, exclamations sur les bancs socialistes)

M. Jean-Louis Carrère. – Ça commence mal ! Il s’y connaît en dialogue musclé !

M. Gérard Longuet. – Pour rééquilibrer le déficit de la branche famille, le Gouvernement s’apprête à augmenter les impôts. C’est en contradiction avec ce qu’avait annoncé le président de la République et c’est oublier que, dans la dernière loi de finances, 500 millions ont déjà été prélevés sur les familles dites aisées. Le Gouvernement va ponctionner un million de foyers de 1 500 euros par an. Ça n’est pas rien ! Qu’est-ce qu’un ménage aisé ? Un ménage qui a des enfants et, n’ayons pas peur de le dire, qui a réussi. A quoi sert le quotient familial ? A éviter que les familles qui ont des enfants ne soient pénalisées par rapport aux familles sans enfants ! (Approbation à droite)

Le Gouvernement, alors que nous abordons le débat sur les retraites, s’apprête-t-il à revenir sur cette décision déraisonnable ? Pourquoi ne pas faire participer la Cnav à l’équilibre de la CAF ?

Mme Dominique Bertinotti, ministre déléguée auprès de la ministre des affaires sociales et de la santé, chargée de la famille . – (Exclamations à droite) Autrement dit, il serait urgent de ne rien faire !

M. Gérard Longuet. – C’est exactement le contraire !

Mme Dominique Bertinotti, ministre déléguée. – Le déficit de la branche famille, que nous avons trouvé à notre arrivée, menace l’avenir de notre politique familiale. Nous devons lutter contre la pauvreté des familles : un enfant français sur cinq est considéré comme pauvre par l’Unicef. Nos concitoyens souhaitent davantage de services aux familles, et en particulier plus de places d’accueil pour les enfants de zéro à 3 ans : la droite avait supprimé 55 000 places.

La droite n’est pas unanime ; certains, comme MM. Juppé et Soubie, défendent le recentrage des aides sur les familles qui en ont le plus besoin. Le Gouvernement a fait un choix juste : la modification du quotient familial touchera moins de 12 % des familles(Applaudissements sur les bancs socialistes)

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Energie : l’Europe doit maintenir ses atouts et avoir de l’ambition !

Le Commissaire Oettinger, en charge de l’énergie à Bruxelles, commence à ouvrir les yeux, avec la prudence qui sied à sa fonction, sur l’épouvantable impasse du conformisme énergétique européen. Non seulement il n’y a pas de prix européen du méga watt, les écarts sont spectaculaires, mais encore les Etats-Unis sont en train de nous distancer avec une énergie durablement bon marché qui favorise leur industrie.

La lucidité s’impose : l’Europe ne peut pas continuer à accumuler tous les handicaps de compétitivité dans un Monde où son seul atout fond comme neige au soleil, l’avance technologique. Et l’Allemagne seule ne peut pas sauver les 27 ou les 17 si tous ses partenaires européens cessent d’investir dans la recherche utile à force d’accumuler les déficits publics et les interdits idéologiques.

Elle-même d’ailleurs se prend à douter de son abandon du nucléaire qui se traduit en pratique par la ruée du charbon… américain sur la production électrique européenne. Bonjour le CO2 !

Pour maintenir cette avance, il faut investir utile, cesser de financer le « non-travail » au plan social et l’importation massive de photovoltaïque, par exemple, au plan énergétique.

Nous avons un atout confirmé, le nucléaire et une carte à explorer, les carburants fossiles non conventionnels. Avec l’aide des deux, nous pouvons égaler les Etats-Unis, nous libérer de la tutelle des producteurs d’énergie de l’Est et du Sud, et surtout financer par ces gains la recherche et le développement qui nous maintiendront devant nos hardis challengers, essentiellement la Chine qui est la seule économie disposant à la fois de la taille et de l’unité politique pour être un acteur mondial.

L’Europe a dominé le Monde au XIXème siècle en utilisant seule son charbon qui pourtant existait aussi partout ailleurs. Mais, en Europe, il a été exploité et l’énergie accessible et bon marché a soutenu un formidable élan. Nous avons su, avec la politique mondiale du pétrole et le nucléaire, franchir l’étape suivante tout au long du XXème siècle. Pourtant, depuis 30 ans, tout s’est arrêté en Europe alors que tout bougeait dans le Monde.

L’énergie renouvelable, oui, quand nous aurons les moyens de la financer sans compromettre notre leadership globale scientifique et technologique. Pas avant : personne dans le Monde ne nous est reconnaissant de maîtriser – plus ou moins – nos émissions de CO2, mais tous les « BRICS » critiquent nos déficits économiques et financiers. Ces pays ont raison. L’Europe n’est exemplaire que si elle est forte, sans dette donc. L’Europe n’est exemplaire que si elle produit plus de richesses qu’elle n’en consomme. Aujourd’hui, nous vivons à crédit sur le dos des générations à venir et avec la trésorerie des nouveaux riches du pétrole ou des pays à main d’œuvre bon marché. Pour être exemplaire, d’abord soyons riches, le reste suivra. Notre degré de conscience collective, au service du bonheur de l’humanité, restera toujours le même (plus élevé que partout ailleurs dans le monde) mais nous avons besoin des centrales nucléaires et du gaz non conventionnel pour être respectés et donc entendus.

Gérard LONGUET – Ancien Ministre – Sénateur de la Meuse – Le 21 mai 2013

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Le très court terme contre la France en Europe

Le Ministre le Drian a fait, en engageant l’achat de deux drones « Reaper », le choix de la facilité. La facilité n’a pas que des inconvénients, à court terme au moins. Moins chers, disponibles, ils répondront à un besoin affirmé. Encore faut-il conduire au mieux la négociation et il y a encore de très fortes incertitudes qui peuvent rendre cet achat décevant.

En effet, de puissants paramètres sont en jeu : le prix, mais surtout l’adaptation à nos besoins effectifs, la part de « local » dans la construction, dans l’intégration et dans l’entretien, laissée aux entreprises Françaises et naturellement le délai de réalisation du projet.

Mais pour le long terme le signal est désastreux. D’abord, pour la coopération Franco-Anglaise, la seule qui ait du sens entre nos deux pays, les seuls décidés à rester, en Europe, des puissances militaires de première intervention. Ensuite, pour l’industrie Européenne fondée pour une fois sur la coopération Franco-Britannique, en l’espèce Dassault BAE, qui voit cet élan complètement remis en cause.

Enfin, pour les autres Européens le signal est fort : seuls les Américains comptent et même les Français le reconnaissent.

Trois victimes immédiates donc : l’axe Franco-Britannique construit depuis Saint-Malo, les industriels Français EADS et Dassault trop conflictuels entre eux et tous les deux évincés, mais aussi et surtout l’Europe de la défense dans son ensemble. Un gagnant à court terme : Bercy. Mais au regard de l’intérêt stratégique de la maîtrise des technologies de l’information des théâtres d’Opérations, cette économie d’aujourd’hui est, je le crains, une dépendance pour demain.

Gérard LONGUET –  Ancien Ministre – Sénateur de la Meuse – le 21 mai 2013

 

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Sécurisation de l’emploi

Le Sénat examine le 14 mai 2013 les conclusions de la commission mixte paritaire sur le projet de loi relatif à la sécurisation de l’emploi. Ce texte vise à transposer l’accord national interprofessionnel (ANI) conclu le 11 janvier dernier entre les partenaires sociaux, à l’exception de la CGT et FO. Le projet de loi veut offrir à la fois plus de souplesse aux entreprises et davantage de protection aux salariés, sur quatre sujets : la lutte contre la précarité du travail, l’anticipation des mutations économiques, la recherche de solutions collectives pour sauvegarder l’emploi et la refonte des procédures de licenciement collectif.

Si les sénateurs UMP saluent les avancées permises par ce texte en matière sociale, ils restent vigilants aux conditions de transcription de l’accord. Dans cet esprit, ils avaient déposé lors de l’examen au Sénat plusieurs amendements tendant à revenir à la version initiale de l’ANI.

La CMP réunie mardi 23 avril a supprimé les dispositions introduites au Sénat sur des points importants :

  • Elle a réintroduit la clause de désignation qui avait été supprimée par un amendement de Jean-Noël Cardoux et du groupe UMP.
  • Elle a refusé que cette clause de désignation puisse désigner au moins deux organismes de complémentaire santé.
  • Elle a supprimé la dispense d’affiliation prévue par un amendement de Catherine Procaccia pour le salarié bénéficiant déjà d’une complémentaire santé à titre personnel ou en tant qu’ayant droit.
  • Elle a rétabli l’article 4 sur les comités d’entreprise, qui avait été supprimé par un amendement communiste.
  • Les amendements redéposés par M. Cardoux, notamment sur l’article 8, afin de créer une dérogation au temps partiel minimum de 24h, ont tous été rejetés.

Le Groupe UMP déplore l’entêtement du gouvernement, sur la clause de désignation notamment.

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Mon soutien à la motion référendaire Projet de loi « Mariage pour tous »

Intervention en séance

Séance 05 avril 2013

 » Le groupe UMP m’a demandé de défendre cette motion excellemment présentée par M. Retailleau.

Pour ma part, parlementaire depuis 1978, je regarde la pratique référendaire avec une grande prudence. Je considère que les représentants du peuple peuvent avoir des débats contradictoires de qualité. Loin de moi l’idée de condamner notre travail. Pourtant, cette motion est justifiée ; je vais vous en livrer les raisons profondes, qui sont des raisons d’avenir.

J’ai bien entendu les arguments liés à la Constitution. Le référendum peut flatter les émotions, se nourrir d’elles, ce qui n’est pas une bonne façon de travailler ; il appelle parfois une réponse à une question qui n’a pas été posée -souvenons-nous de 2005… Mais l’effet du quinquennat a profondément modifié notre République.

M. Jean-Pierre Michel, rapporteur. – Hélas !

M. Gérard Longuet. – Le seul rendez-vous qui compte, au soir du deuxième tour de la présidentielle, c’est le premier tour de la prochaine présidentielle… Les élections locales deviennent contracycliques, les élus sont sanctionnés ou soutenus pour des raisons indifférentes aux efforts qu’ils ont produits. Grâce au calendrier législatif, l’Assemblée nationale a le sentiment d’être liée par un contrat de type référendaire, celui qui a conduit le président de la République à l’Élysée. Nous, sénateurs, ne sommes pas dans la même situation.

Faut-il interdire toute respiration politique pendant cinq ans ? Telle est la question qui se pose et que l’on retrouvera nécessairement à l’avenir. Parce que le contrat référendaire du 6 mai est extraordinairement ambigu. La véritable légitimité populaire, c’était vrai pour Nicolas Sarkozy, ça l’est pour François Hollande, c’est le premier tour de l’élection. Au deuxième, on fédère des voix différentes. Le serment des Folies Bergères vaut-il pour tous les électeurs de François Hollande ? Je ne le crois pas (Applaudissements à droite) Je comprends que les députés élus dans le sillage du contrat référendaire du 6 mai se sentent liés ; donnons leur un peu de liberté avec un référendum…

Les grands présidents de la République ont utilisés cette respiration référendaire même quand ils n’y étaient pas contraints. Ainsi en a-t-il été du référendum voulu par le général de Gaulle en 1969, un an après son élection triomphale. Pompidou y a eu recours à l’occasion de l’entrée de la Grande-Bretagne dans la Communauté européenne et le président Mitterrand pour la ratification du traité de Maastricht.

En revanche, Sarkozy ne l’a pas fait et parfois, je le regrette. Après la crise financière de 2008, il aurait pu proposer au peuple des mesures économiques courageuses. Mais à l’époque, le parti socialiste se mobilisait sur un sujet majeur, qui allait bouleverser la société française : le statut de La Poste… Aujourd’hui, tout fonctionne bien, merci… (Applaudissements et rires à droite)

Le référendum, c’est la respiration nécessaire dans notre République quinquennale et présidentielle.

Mme la garde des sceaux a lancé ce débat avec conviction. Il aurait pu être bâclé ; au contraire, il a suscité un immense intérêt dans le pays, qui s’est fortement mobilisé. Et on commence à prendre conscience qu’il ne concerne pas telle catégorie de la population mais la société tout entière.

Mon groupe à la fierté d’avoir donné la liberté de parole et de vote à chacun de ses membres. Le débat change la nature des relations entre ceux qui réfléchissent à l’hétérosexualité comme à l’homosexualité. Après tout, les homosexuels sont tous fils et filles d’hétérosexuels… Je suis père, jamais ne rejetterai un fils ou une fille homosexuels. Les homosexuels ont parfois le sentiment d’être rejetés, mais ce n’est pas la tradition française. Notre société ne les a jamais réprouvés, sauf en 1942. Si Oscar Wilde s’est réfugié dans notre pays, c’est parce que la France est un pays de liberté. J’ai succédé, dans ma circonscription, à un ancien ministre du général de Gaulle, qui était homosexuel et ne s’en cachait pas ; cela ne l’a pas empêché d’être élu pendant quarante ans… J’avais avec lui des relations de parfaite confiance.

Ce dossier va continuer d’évoluer. Affirmer une différence n’est jamais facile. Pourquoi mettre un terme à une telle évolution ? Le doyen Gélard a rappelé deux sujets qui ne sont pas traités ici et d’abord la marchandisation du corps humain. Dès lors qu’il y aura adoption, il y aura des demandes, et donc une offre qui va s’organiser en recherchant d’une façon ou d’une autre la solvabilité, comme cela existe dans d’autres pays du monde. Nous ne devons pas tromper ceux auxquels on prétend apporter une réponse. L’adoption sera marginale et le problème de la filiation se posera ; quand on avance en âge, on veut savoir d’où l’on vient. Peut-on le refuser à quelqu’un ?

Ce débat ne peut pas s’arrêter à l’instant. Les manifestations sont en quelque sorte un hommage rendu à l’ouverture du débat, un débat qui doit se conclure par un vote populaire.

Les plus traditionalistes de ma famille politique disent qu’on ne doit rien changer et que tout est parfait. Du côté de la vôtre, les extrémistes soutiennent qu’il faut tout changer. La réalité, c’est que le sujet anime et animera les déjeuners du dimanche, qu’on en parlera sérieusement. Vous ne pourrez échapper au débat populaire : 32 millions de Français vivent en couple, 73 % sont mariés, 20 % en union libre, d’autres ont choisi le Pacs. Cela veut dire que, dans un pays où le mariage n’est obligatoire en rien, où il n’y plus aucune pression, morale, sociale, juridique, patrimoniale, il n’y a pas d’autres raisons de se marier que de le vouloir, c’est un acte de foi où l’on décide avec son conjoint de construire et de transmettre la vie. Il faut donner la parole au peuple. »

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Réflexions sur la Meuse…

[tel-00385765, v1] Le département de la Meuse (France) : industDans sa remarquable thèse de Doctorat Antoine-Paul NAEGEL présente une histoire économique de la Meuse de la Révolution (1790) à la Grande Guerre (1914), passionnante et accessible.  Précisément, page 44, il livre un tableau où sont comparées les évolutions démographiques de la France, de la Meuse de 1801 à 1999.

La lecture de ce tableau nous restitue toute l’histoire de notre département et nous éclaire sur nos perspectives d’avenir.

Un Département comme les autres jusqu’en 1851

Sous l’Empire, la Meuse est un département comme les autres ! Avec 269 500 habitants recensés en 1801 ou 284 700 en 1806 il se compare à la Meurthe, aux Vosges, à la Moselle même s’il est plus petit  (365 810 habitants pour la Meurthe et Moselle, 385 949 pour la Moselle et 334 169 pour les Vosges).

Il progressera jusqu’en 1851, mais déjà moins vite que le reste de la France, atteignant un maximum de 328 600 en 1851.

A cette époque et alors que la révolution industrielle ne fait que commencer, la population dépend de l’espace agricole disponible et de la richesse de cet espace. La Meuse n’est pas à l’époque sur ce plan plus avantagée qu’aujourd’hui : les sols et le climat en font une région intermédiaire. Aussi, sa densité est plus faible que la moyenne nationale, comme l’est la densité Lorraine. Avec 48 habitants au km², la Meuse est en dessous de la France, 67 habitants au km².

Mais il vrai que la charge à l’hectare est plus faible et que les forêts qui alimentent l’industrie – très forte sous l’Empire – ne favorisent pas une population dense.

Mais, par exemple, avec plus de 6 900 ouvriers en métallurgie en 1810, la Meuse est dans les 6 départements les plus industriels de France.

Un décrochage spectaculaire en 20 ans

La courbe est frappante : de 1851 à 1872 la Meuse perd 42 000 habitants dont 23 000 en 5 ans, de 1851 à 1856. Nous avons oublié la dernière grande épidémie de choléra qui nous coûtera 8 458 morts en 1854. Mais cette tragédie n’explique pas tout, tant s’en faut.

L’explication la plus probante est, avec l’arrivée du chemin de fer en Meuse et le développement du Paris d’Hausmann, une véritable hémorragie vers la capitale. On peut imaginer que la Meuse qui fournissait déjà à Paris pour la construction, la pierre, la fonte, le bois, a dû également fournir les ouvriers. Les villes meusiennes gagnent un peu, les campagnes se vident beaucoup. Surtout, ce sont les activités industrielles traditionnelles qui disparaissent si elles sont artisanales, et qui peinent faute de main d’œuvre si elles sont modernes.

Un plateau doucement négatif

De 1872 à 1906, la Meuse passe de 284 700 à 280 200 habitants. La chute en apparence est modeste. En réalité, le solde est complexe : le Meuse accueille près de 4 000 Alsaciens, Mosellans et s’enrichit des fortes garnisons de Verdun, Saint-Mihiel, Commercy et Bar. Richesse apparente qui s’accompagne d’une main d’œuvre immigrée employée à construire les forts Séré de Rivières.

Mais les apparences sont sauves et les responsables Meusiens peuvent ne pas être inquiets. En réalité, la sidérurgie Lorraine a porté un coup fatal à l’industrie Meusienne dont les derniers hauts fourneaux sont fermés en 1889 (Bradfer à Bar le Duc). La Meuse choisit le textile, le bois et l’agro-alimentaire et garde la métallurgie et la mécanique. Mais les villes Meusiennes ne grandissent que peu : Verdun a une vocation militaire ; la Meurthe et Moselle, du Pays-Haut à Nancy, absorbe les émigrés Mosellans, les immigrés italiens mais surtout les ruraux Meusiens pour développer son industrie lourde. Petite ville, Bar le Duc n’est pas en mesure de résister à l’attractivité de Nancy devenue « Capitale de l’Est ».

Le décrochage complet 1914-1945

Les deux guerres sont fatales à la Meuse qui perdra définitivement, en raison des conflits, plus d’un tiers de sa population, passant de 280 000 en 1906 à 180 000 en 1945.

Les Meusiens ne reviendront pas en Meuse après 1914. De 1926 à 1940, la population ne dépasse guère les 220 000 après un creux de 200 000 en 1920. En 1945, la population est tombée à 185 000 environ. 20 ans après en 1965, la Meuse ne dépasse pas les 215 000, mais le lent déclin reprend son cours en 1968 et jusqu’en 1999, date de la stabilisation actuellement constatée autour de 196 000.

Si l’on pouvait comprendre les difficultés immenses après la Grande Guerre et le miracle de cette reconstruction assurée avec énergie, dans les années 20, pourquoi les « 30 Glorieuses » (1945 – 1075) n’ont-elles pas permis à la Meuse de renouer avec le succès ? J’y vois pour ma part trois grandes raisons :

 –      Le développement Lorrain, sur le sillon Mosellan et les personnels civils des bases de l’OTAN en Lorraine ont proprement asséché les capacités de main d’œuvre de la Meuse. Le plein emploi est total jusqu’en 1973, date du premier choc pétrolier.

–      De son côté, l’exode rural n’a pas dégagé beaucoup de main d’œuvre car l’agriculture a déjà évolué.

–      Surtout, en l’absence de grandes villes, pas de tertiaire de haut niveau. La vieille industrie locale n’est pas adaptée aux créneaux modernes : aéronautique, pharmacie, défense, luxe. L’agro-alimentaire se maintient certes mais au prix d’une très forte productivité qui diminue le nombre des salariés. Les biens d’équipements de la maison ou de consommation courante sont évincés par les produits d’importation.

La stabilité actuelle

Satisfaisante en surface, la stabilité actuelle ne doit pas tromper. Elle repose sur deux réalités qui nous sont extérieures :

–      Le développement en tache d’huile du sillon Mosellan, juste retour des choses

–    L’allongement de la durée de la vie et l’attractivité de la Meuse pour les retraités souvent anciens Meusiens

Mais les points d’appuis pour l’avenir sont rares et il nous appartient de les énoncer.

Car si le nombre n’est pas une réussite en lui-même, le vide humain entraîne des difficultés cumulatives.

Des atouts à construire

1)    L’espace libre, un atout exclusif de la Meuse dans une Europe active, saturée

–     Espace naturel riche à valoriser en terme d’animations en s’appuyant sur le patrimoine historique et la qualité du service aux habitants et aux visiteurs

–    Espace à rendre plus accessible (infrastructure routière et service TGV) et à rendre plus hospitalier (accueil occasionnel ou permanent)

–      Une Meuse en réseau Lorrain, national et européen

–   La Lorraine dispose des services haut de gamme (Nancy Metz Luxembourg) qui peuvent irriguer et aider tout l’est Meusien

–      Bure nous branche sur Paris et les grands acteurs de la filière électronucléaire pour de nombreuses années. C’est un projet de long terme pour toute la Meuse, c’est une mission majeure de très forte ambition

2)    S’il n’est de richesse que d’homme encore faut-il que :

–   Les jeunes soient motivés et formés Et que les entrepreneurs soient soutenus et organisés en réseau

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