19 avril, 2024

Après les vœux du 31 décembre et avant le 14 janvier, comme une envie de changer… et malgré le 14 janvier, l’impossible succès…

Crédit photo Télérama
Crédit photo Télérama

Le Président de la République depuis ses vœux du 31 décembre 2013 donne le sentiment de mesurer enfin les retards de notre pays en terme de compétitivité. Il ne va pas jusqu’à évaluer l’importance du handicap Français et les principales origines de nos difficultés.

 

Nous pouvons l’aider en lui rappelant simplement la triple faiblesse française :

 –  Un coût global du travail trop élevé par rapport à nos concurrents développés, l’Allemagne ou les Etats-Unis

– Une pénalisation du capital tant pour sa constitution ou sa détention qui décourage l’investissement et particulièrement l’investissement à risque

– Une préférence pour la réglementation qui rigidifie toute l’économie, des rentes de situation héritées du passé aux interdictions faites d’explorer l’avenir, en passant par la perfection administrative qui nous fait préférer l’arrêt de la production plutôt que le risque de ne pas être exemplaire en terme de précaution ou d’environnement.

S’attaquer à ces trois faiblesses constituerait une telle espérance que j’aurai volontiers envie d’aider un gouvernement courageux, même si les socialistes ne l’ont jamais fait par le passé, sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy lorsque des initiatives reconnues étaient proposée.

Pour Hollande il y a trois obstacles à surmonter :

Le premier est la profondeur de son l’analyse. Disons simplement que le rapport Gallois – sans les censures – et les demandes de Bruxelles forment le socle minimal. En deçà aucun rattrapage ne sera possible pour la France dans un monde qui continue d’évoluer vite vers plus de souplesse, de performance, d’initiatives.

Le second obstacle est lié à sa majorité politique qui en théorie, refuse les principales adaptations. Cependant le passé récent montre qu’à l’exception de Mélenchon et de ses rares relais au Parlement, les Verts et les courants du Parti Socialiste ne veulent pas ouvrir une crise politique dont la sanction naturelle serait une dissolution dont personne ne veut à gauche.

Disposant d’une majorité absolue à l’Assemblée Nationale, le Parti Socialiste peut donner au Président Hollande les moyens législatifs d’une nouvelle orientation, même s’il n’en partage pas la nécessité. Au Sénat une coalition négative peut torpiller tous les textes gouvernementaux.

Pour ma part, si les textes allaient dans le bon sens, et rien ne le prouve à ce jour, l’opposition de droite et du centre serait bien avisée de réfléchir à sa stratégie de long terme, dont je n’imagine pas qu’elle serait celle d’aujourd’hui.

 Le gouvernement à ce jour méprise le Sénat, comme d’ailleurs il néglige l’Assemblée, en lui demandant l’alignement.

Le Sénat pour sa part, Assemblée issue du Suffrage Universel doit avoir conscience de sa responsabilité face à l’avenir de la République.

Il s’agit bien de notre responsabilité de parlementaires libres. D’autant plus libres que nous ne sommes pas des élus de l’exécutif présidentiel, comme le sont devenus les députés sous l’effet de la double simultanéité du scrutin majoritaire à 2 tours et des calendriers présidentiel et législatif. En un mot le quinquennat a fait de l’Assemblée un clone des choix Présidentiels. Les Sénateurs eux, restent des élus du Suffrage Universel tel que l’opinion s’exprime hors le temps de grâce du seul débat présidentiel.

Nous rendons compte à des électeurs que nous connaissons et qui nous connaissent. Certes nous n’avons pas constitutionnellement le dernier mot, mais nous avons un mot juste parce qu’il est issu de l’opinion durable et non de la seule phase magique de la parenthèse présidentielle, six mois tous les cinq ans.

Plus encore, observons qu’un Président élu est d’abord et avant tout, soutenu politiquement parlant tout au long du quinquennat par ses électeurs du 1er tour. Les ralliés du 2ème tour sont en général ceux qui bien vite reprennent leur liberté. Ils reprennent leur liberté et les sondages en témoignent rapidement. Pour autant à l’Assemblée ces élections du 2ème tour n’ont pas ou peu d’élus, ce qui introduit ce malaise.

Au Sénat la diversité politique française s’exprime plus complètement. J’estime que cette diversité ne doit pas servir qu’au seul désordre de coalitions contradictoires, même si le Gouvernement par sa raideur, nous y pousse. Cette diversité devrait au contraire prouver que les élus savent se rencontrer pour faire adopter des textes utiles.

L’Allemagne nous montre le chemin : Madame Merkel, gagnante mais manquant de 4 ou 5 voix la majorité absolue, a accepté 3 mois de dialogue pour arriver à 300 pages de programme commun CDU-CSU-SPD.

Sur quelques textes courageux capables de combler des retards patents de l’économie Française, le Sénat pourrait jouer un rôle décisif pour qu’il y ait une « Rencontre Française ». Mais il appartient au Gouvernement d’en accepter l’esprit. Je conçois que pour lui le chemin est difficile : au sein de son équipe, entre la fermeture d’esprit, les certitudes triomphantes et l’inexpérience, le courage modeste et le sens des dialogues ne sont pas fréquents.

Nous avons perdu plus de 18 mois depuis Mai 2012. Le Président voudrait changer. Chiche, mais qu’il le fasse avec le Parlement et non par voie d’ordonnances présidentielles octroyées au peuple français, comme la Chartre de Louis 18. Au sein du Parlement le Sénat lui peut être attentif au travail de fond parce qu’il est libre des clivages artificiels. Mais pour autant que le Gouvernement ne les entretiennent pas lui-même par une caricature de dialogue.

Aux Sénatoriales de 2014, donnons à nos grands électeurs l’image de ce sens des responsabilités au service de la République qui doit s’imposer au Gouvernement s’il choisi le succès de la France plutôt que le respect de la théorie socialiste.

Nous, Sénateurs de la droite et du centre n’avons aucune autocensure si le projet législatif est utile au pays. Ni les doctrines trop anciennes, ni les consignes trop tactiques ne nous enferment. Les Sénateurs de l’opposition veulent d’abord le succès de la France chaque fois que cela est possible. Le Président en aura-t-il le courage ou la liberté ?

 Malgré le 14 janvier, l’impossible succès…

Les optimistes diront de François HOLLANDE qu’il affiche plus qu’une conviction sociale-démocrate, une véritable orientation sociale-libérale reposant sur une amélioration de l’offre « Française ».

Les pessimistes, eux, parleront de « cavalerie », de fuite en avant par laquelle le Président, faute d’avoir infléchi la courbe du chômage pour fin 2013 se propose d’économiser plus de 50 milliards en trois ans, d’alléger les charges des entreprises tout en préservant le pouvoir d’achat des ménages dont les impôts n’augmenteraient plus. Rien depuis 18 mois ne laisse penser que cela soit possible.

L’UMP semble se diviser. Les uns disent « chiche » même s’ils doutent profondément. Les autres disent « bonimenteur » car rien ne permet d’illustrer les moyens mis en œuvre.

En vérité, tous doutent des moyens politiques dont dispose François HOLLANDE pour obtenir un résultat tangible.

Là est le principal problème. Quand la puissance publique prélève 57 ,1% du PIB (2013), la redistribution de ces sommes à des acteurs économiques, ménages ou entreprises créée dépendances et addictions.

Diminuer le % de prélèvement public,  en figeant le montant de la dépense publique alors que la croissance existe, c’est possible. Mais quand il n’y as pas de croissance, personne n’y croit.

La seule marge immédiatement disponible au service de la croissance dont dispose le Gouvernement n’est ni la dévaluation – impossible – ni l’endettement « Keynesien », plus possible désormais, mais bien l’augmentation de la durée du travail au sens large. La définition de cette durée dépend du seul pouvoir politique. Son élargissement serait à effet immédiat, comme un irrésistible indicateur de courage et de volonté. La « finance », cet arbitre froid, qui juge les chances d’une économie, ne s’y tromperait pas et désignerait la France comme lieu où il faut investir pour financer la nouvelle offre.

 « Donner et retenir ne vaut » affirme le dicton. François HOLLANDE donne et retient en même temps. Je passe sur le ridicule des « Comités Théodules » car je crois au Gouvernement et au Parlement pour conduire et juger une politique et non aux instances occasionnelles.

Je passe sur le marchandage qui consiste à demander dès maintenant des emplois aux entreprises. Elles pourront le faire certes mais après avoir rattrapé leur retard et plutôt en prenant de l’avance de compétitivité. Pour les entreprises, cette avance suppose 100 milliards d’allègements impossibles à trouver sans une augmentation de la force de travail française.

Je reviens en revanche sur la libre entreprise : François HOLLANDE évoque un volontarisme d’Etat et, par exemple, la transition énergétique. Mais dans ce domaine comme dans d’autres, il faut laisser parler le marché. Les Allemands se sont fourvoyés par la sortie « idéologique » du nucléaire. Pourquoi les accompagner ? Il faut au contraire leur vendre une énergie meilleure marché que la leur et, de plus, économe en Co2 pour ceux qui s’en soucient. C’est le cas du nucléaire.

Dans cette majorité rien n’est possible : La Gauche de la majorité refuse une nouvelle organisation du travail et les « écolos » nous privent de la possibilité d’utiliser à fond nos atouts industriels.

Le Président n’a donc pas de majorité pour aller vers la réussite. Son refus de reformer les retraites en améliorant le ratio Actifs/Retraités l’a largement prouvé dans un passé récent.

La direction affichée le 14 janvier est bonne. Mais le moteur retenu ne fera pas monter la côte à une économie poussive qui s’est rendue prisonnière de la dépense publique. Sans donner un signal fort sur le travail, première ressource française, sur le capital enfin reconnu comme levier de développement et la liberté d’entreprendre comme condition absolue, François HOLLANDE caresse l’économie de marché mais il l’esquive et se refuse encore de l’épouser.

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