25 avril, 2024

Le très court terme contre la France en Europe

Le Ministre le Drian a fait, en engageant l’achat de deux drones « Reaper », le choix de la facilité. La facilité n’a pas que des inconvénients, à court terme au moins. Moins chers, disponibles, ils répondront à un besoin affirmé. Encore faut-il conduire au mieux la négociation et il y a encore de très fortes incertitudes qui peuvent rendre cet achat décevant.

En effet, de puissants paramètres sont en jeu : le prix, mais surtout l’adaptation à nos besoins effectifs, la part de « local » dans la construction, dans l’intégration et dans l’entretien, laissée aux entreprises Françaises et naturellement le délai de réalisation du projet.

Mais pour le long terme le signal est désastreux. D’abord, pour la coopération Franco-Anglaise, la seule qui ait du sens entre nos deux pays, les seuls décidés à rester, en Europe, des puissances militaires de première intervention. Ensuite, pour l’industrie Européenne fondée pour une fois sur la coopération Franco-Britannique, en l’espèce Dassault BAE, qui voit cet élan complètement remis en cause.

Enfin, pour les autres Européens le signal est fort : seuls les Américains comptent et même les Français le reconnaissent.

Trois victimes immédiates donc : l’axe Franco-Britannique construit depuis Saint-Malo, les industriels Français EADS et Dassault trop conflictuels entre eux et tous les deux évincés, mais aussi et surtout l’Europe de la défense dans son ensemble. Un gagnant à court terme : Bercy. Mais au regard de l’intérêt stratégique de la maîtrise des technologies de l’information des théâtres d’Opérations, cette économie d’aujourd’hui est, je le crains, une dépendance pour demain.

Gérard LONGUET –  Ancien Ministre – Sénateur de la Meuse – le 21 mai 2013

 

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