19 avril, 2024

De la Transition énergétique

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Manuel Valls nous annonce un débat législatif sur la transition énergétique rapide, pour l’été. On n’y croyait plus, de report en report. Notons cependant qu’il interviendra après les élections européennes. Ainsi les électeurs français choisiront des eurodéputés sans savoir ce que le Gouvernement – pour ceux qui le soutiennent encore – leur demandera de défendre. L’on regrettera ensuite que l’Europe nous impose ses vues. Mais si nous n’avons pas d’abord exposé les nôtres, comment le lui reprocher.

 

Souhaitons surtout qu’à l’occasion de ce débat législatif français nos parlementaires reviennent à quelques vérités simples qui se traduisent par une seule et même conclusion concernant la TEE (Transition Energétique Européenne) : n’y a-t-il pas une façon plus intelligente d’investir les centaines de milliards d’€uros envisagés ? Faut-il poursuivre sans fin une posture morale sans effet concret et tangible pour le monde entier. Une transition française ou même Européenne sans une évaluation de son impact sur le monde est dérisoire dans ses effets et dangereuse pour notre économie.

L’effet de serre permet la vie sur la terre. Le CO2 représente sans doute moins de 10% de l’effet de serre global, la vapeur d’eau des océans en assurant l’essentiel. Le CO2 d’origine humaine est une minorité de la minorité de CO2 total, 10 % au maximum. Le CO2 d’origine européenne représentait ces dernières années moins de 8 % de cette part humaine. Par le simple jeu de la baisse de notre part économique dans le monde ces 8 % deviendront 4 %, dans 20 ans. Nous parlons donc d’un enjeu qui représente 4 ou 5 % de 10 % d’un CO2 humain représentant lui-même 10 % du CO2 global, à l’origine de 10 % de l’effet de serre !

L’approche européenne actuelle repose sur le développement des énergies renouvelables, soit. Mais ces dernières ont besoin d’un soutien fossile de remplacement. Le nucléaire est écarté, pour des raisons « philosophiques » pour les uns, ou pour des raisons d’architecture électrique pour les autres. En effet, le nucléaire n’est optimisé qu’en « énergie » ruban. Il ne se marie pas avec les ENR et ses aléas.

Les ENR, hors hydraulique, supposent des redondances d’équipements de production et de distribution pour tenter de suivre le consommateur.  Ce choix est donc très coûteux. De plus, elle fausse le jeu des investissements thermiques ou nucléaires de ruban, qui doivent s’effacer devant les pointes de production ENR lorsque la demande n’existe pas pour ces dernières et qu’elles produisent cependant. C’est ainsi que dès maintenant, l’Allemagne nous exporte l’électricité qu’elle ne sait pas consommer parce que imprévisible.

Les ENR, enfin, demandent une protection publique pour garantir des tarifs rendant possibles les investissements qu’elles supposent. Cette rente est payée par le consommateur privé. Les industriels pour des raisons compréhensibles de concurrence mondiale souhaitent bénéficier d’une énergie compétitive.

Ajoutons que l’Europe, qui se désindustrialise, au moins relativement, importe massivement des produits, Chinois par exemple, grands émetteurs de CO2 sur leur lieu de production. Ce que nous ne consommons plus en énergie non-CO2, nous le compensons par des importations issues de process industriels décomplexés à l’égard du CO2. Tout cela est bien hypocrite.

Qui diable peut-il profiter d’une telle absurdité ? Les bonnes consciences sûrement, en oubliant qu’elles pénalisent ainsi les consommateurs européens et les ouvriers du continent. Des industries nouvelles, certes, mais qui pèsent sur la compétitivité globale de l’économie européenne et donc sur l’emploi européen de long terme. Certes, les éoliennes maritimes qui produisent à bien plus de 200 €uros le mégawatt, nécessitent un entretien créateur d’emplois mais très coûteux. A un tel prix de l’énergie payée par le consommateur ou le producteur européen il est certain que même les entreprises les plus « patriotes » ne chercheront plus à investir en Europe et à y localiser leurs emplois d’avenir.

L’Allemagne a fait un choix idéologique, la sortie du nucléaire, qu’elle assume difficilement  tout en utilisant le charbon américain rendu bon marché par la réussite des gaz et pétroles non conventionnels.

La Grande Bretagne, réaliste, renouvelle son potentiel nucléaire. La France qui disposait d’une filière nucléaire reconnue ferait bien de réfléchir au marché européen de l’énergie en vendant des mégawatts « ruban » au prix d’équilibre de long terme, déchets et déconstructions compris. En ce mois d’avril, les écolos ont quitté le Gouvernement. C’est une opportunité pour afficher une volonté française de libérer l’énergie électrique de l’emprise idéologique qui nous coûte si chère. C’est une opportunité qui nous permet de retrouver un avantage stratégique exclusif. Si le nucléaire est dangereux il faut l’arrêter tout de suite et juger ceux qui, depuis 50 ans, l’ont rendu possible en France. Il ne l’est pas dès lors qu’il obéit à un esprit de responsabilité soumis au double contrôle de la science la plus transparente et d’une demande d’énergie libre de ses approvisionnements et mue par la rationalité économique.

 La France n’a aucune raison de renoncer à une opportunité que lui ouvre le choix très spécifique de l’Allemagne.

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