26 avril, 2024

En réponse cordiale à Axelle LEMAIRE

Conservateurs et Réactionnaires, naturellement et heureusement nous le sommes, vous et moi également, chacun à sa façon. N’en faites donc pas une injure !

Je suis en effet Conservateur  de ce qui vaut et de ce qui va bien. Et nous sommes Conservateurs en commun, par exemple, des valeurs qu’exprime et que fixe la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme du 26 Août 1789. Tout n’est pas à conserver, mais acceptons l’idée que nous n’avons pas été précédés, y compris dans l’Histoire de notre pays, seulement d’imbéciles malfaisants. A bon escient « Conservateurs » n’est sûrement pas une injure.

Réactionnaires, nous le sommes également vous et moi, sinon nous ne serions pas engagés dans la vie publique. Socialiste, j’imagine que vous avez réagi contre ce que vous ressentiez comme injuste. Libéral et Républicain, je réagis contre la perte d’autorité de notre Pays dans un monde désormais totalement ouvert. Il n’y a pas d’action qui ne soit aussi une réaction.

Comme je n’imagine pas que vous adhériez à la seule sémantique stalinienne propre au PCF des années 50 des adjectifs conservateur et réactionnaire, je pense que nous pourrions, au-delà des polémiques archaïques, établir un dialogue.

Il s’agit en l’espèce et après votre saillie du 14 avril en séance au Sénat de notre bien commun, la langue Française.

En Français, les mots n’ont pas de sexe, ils ont un genre. En Français, il n’y en a que deux, le féminin et le masculin. Certes une langue est vivante et les commodités d’usage s’imposent progressivement. C’est toute l’histoire de notre langue. Par exemple à l’Armée, « Mon Capitaine », signifie « Monsieur le Capitaine », y compris pour les femmes et l’usage n’est pas remis en cause. La sonorité joue son rôle : Doctoresse n’est pas facile d’usage et le Médecin, mot masculin, est au contraire adopté pour les femmes comme pour les hommes, sans connotation.

Au plan politique le débat a été ouvert dès 1984 par le Gouvernement de François MITTERRAND et dans une circulaire du 11 mars 1986, le Premier Ministre Laurent FABIUS conseille l’application des règles de féminisation concernant les activités des femmes.

Mais, écartée de ce débat, l’Académie Française, le 14 juin 1984, avait mis en garde sous la signature de Messieurs Georges DUMÉZIL et Claude LÉVI-STRAUSS contre une féminisation autoritaire et abusive.

14 ans après, en 1998, à l’initiative de Lionel JOSPIN, la Commission Générale de Terminologie et parallèlement l’INALF décident de féminiser, de façon très directive.

La réponse vient le 21 mars 2002 : l’Académie Française rappelle les notions oubliées de genre marqué et non marqué, ce qui est le cas du masculin. Le féminin est le genre de la discrimination, car il est spécifique au genre féminin. L’accord au pluriel sera au masculin parce qu’il est non marqué, « englobant ». Pour moi la féminisation autoritaire – non issue d’une pratique généralisée – organise une forme verbale de communautarisme. Pour moi encore, il n’y a qu’un genre humain, et non deux ; sinon pourquoi ne pas discriminer plus encore demain.

Je m’en tiendrai donc dans mon expression publique à la sage jurisprudence de l’Académie Française, dans la huitième édition de son dictionnaire. Il y a des noms de métiers qui possèdent une forme féminine bien ancrée dans l’usage et clairement formée.

Tel n’est pas le cas de la féminisation en « eure » car le féminin en français se forme en « euse », comme « chercheuse », à quelques exceptions issues du latin (Supérieure du Couvent, par exemple).

L’Académie recommande donc d’éviter dans tous les cas non consacrés par l’usage les termes dit « féminisés » et de préférer les dénominations non marquées.

Conservateur, j’accepterai l’évolution qui à l’échelle du temps s’imposera. Mais la féminisation à marche forcée et hors règle commune exprime une pensée communautarisme ou revancharde. Telle n’est pas ma vision de la France à venir où il n’y a pour moi que des êtres humains aux droits égaux, ceux justement qui nous rapprochent, ceux édictés le 26 Août 1789.

Les Elus comme les Ministres sont des êtres humains avant d’être prisonniers de leur sexe et aliénés par leur genre. Le masculin n’est pas hégémonique, il est partageux. Le féminin est spécifique et je l’aime ainsi.

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