28 mars, 2024

Le 19 Mars oublie l’épreuve de tous nos compatriotes d’Algérie…..

Que la 3ème génération du feu veuille se rassembler autour d’une date spécifique qui ne soit ni l’hommage du 11 Novembre rendu à tous les combattants de toutes les guerres, ni le 5 décembre qui marque l’inauguration du sobre monument du Quai Branly, je le comprends profondément.

Qu’ils cherchent une date en fédérant les français engagés par leurs gouvernements successifs de 1954 à 1962 tant au Maroc qu’en Tunisie et naturellement en Algérie, je le comprends tout autant.

Qu’ils veuillent que cette date réponde dans leur esprit à ce que furent pour les deux premières générations du feu, les 11 Novembre 1918 et 8 Mai 1945, j’en conçois la démarche.

Mais, alors cela ne peut pas être le 19 mars 1962 parce que la date des Accords d’Evian, qui ne furent pas appliqués, et la date du cessez-le-feu qui ne fut pas respecté, a une signification au regard de la fin de la présence de la France en Algérie qui efface et ternit les sacrifices et les épreuves qui furent celles de nos soldats, justement ceux dont nous souhaitons tous honorer la mémoire.

Le 11 Novembre 1918 est un armistice victorieux. L’ennemi quitte notre territoire et accepte nos conditions de paix. Le 11 Novembre 1918 fédère les Français et le clairon du cessez-le-feu reconnaît le sacrifice de nos soldats au service de l’unité retrouvée du pays tout entier.

Le 8 Mai 1945 associe la France à la victoire des alliés, symbolisée par la capitulation Allemande. Le courage des combattants défaits de 40, l’esprit de Résistance incarné dès le 18 Juin par le Général de Gaulle, le Grand débarquement de l’Armée d’Afrique le 15 Mai 1944 nous ont permis, en participant à la capitulation Nazie à Berlin, de surmonter les épreuves, les doutes et les déchirements de ces années terribles, en rassemblant nos compatriotes dans le symbole d’une France victorieuse.

Le 19 Mars 1962, lui, consacre une décision sans doute inévitable mais il ne restitue pas la réalité de la présence Française durant 130 ans sur cette terre d’Afrique. Le 19 Mars oublie l’épreuve de tous nos compatriotes d’Algérie, tous statuts confondus, qui furent livrés à eux-mêmes après cette date, victimes d’un véritable abandon. Surtout, pour moi, le 19 mars 1962 ouvre cette terrible période de plusieurs mois pour les cadres de nos armées où, pour respecter les ordres, il fallait manquer à la parole donnée, ce qui voulait dire souvent, abandonner à une mort probable des camarades de combat auxquels nous avions promis la solidarité des armes.

Nos anciens d’AFN le savent et ils n’en sont pas responsables. Le 19 Mars leur appartient parce qu’il veut dire la fin programmée de leur engagement. Mais tant qu’il n’y aura pas de vraie réconciliation Franco-Algérienne et Franco-Française plus encore, ce ne sera qu’une étape dans une histoire qu’il faut finir d’écrire. Le 19 Mars 1962 n’est pas le troisième des rendez-vous entretenus dans la mémoire collective par les commémorations des 11 Novembre 1918 et 8 Mai 1945.

 

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