19 mars, 2024

Vers une transition énergétique réaliste…

Le 6ème Rapport d’évaluation du « GIEC » est en cours de préparation. Seul celui de Groupe de Travail 1, « base des Sciences Physiques », a été publié en Août 2021. Les deux autres sont attendus pour février et mars 2022.

L’Office Parlementaire d’Évaluation des Choix Scientifiques et Technologiques (OPESCT) a bénéficié, ce jeudi 23 septembre, d’une présentation commentée par la Vice-Présidente française du Groupe 1, Madame Valérie Masson-Delmotte, qui participe depuis plus de 20 ans à toutes les publications du GIEC.

Contrairement à l’impression généralement ressentie, depuis les comptes-rendus partiels diffusés cet été, le pessimisme absolu ne me paraît pas être de mise. Non pas que les objectifs décidés, par exemple à Paris en 2015, ou les affichages européens récents (neutralité Carbone en 2050) soient plausibles désormais à coup sûr. Non plus parce que les États tiendraient leurs engagements. Je suis plus confiant parce qu’émergent dans le monde industriel, des États-Unis comme en Chine, de l’Europe aux pays pétroliers, des acteurs qui ont une approche pratico-pratique et qui ne cèdent pas à la vision apocalyptique plus décourageante que motivante. Il y a quelques mois, ma lecture de Bill Gates m’avait ouvert les yeux sur ce que peut être une attitude réaliste : oui on peut réduire le CO² anthropique au meilleur coût et sans brutalité sociale inutile. Court, documenté et libéré des aprioris paralysants – comme le refus du nucléaire – son message rejette la décroissance qui condamnerait les uns à une misère perpétuelle tout en privant les plus avancés de toute espérance de maintien.

Le chiffrage d’une transition « idéologique » bâclée aboutit on le sait à une paupérisation des pays riches et une régression des pays pauvres. Ce chiffrage de la décroissance a réveillé les consciences.

Puisqu’il faut résorber ces 40 gigatonnes de CO², faisons-le au bon prix et n’appauvrissons pas le monde par une décroissance, au demeurant impossible. Il faut au contraire dégager des marges pour investir dans la décarbonation qui doit être la seule priorité à cet instant. Le seul signal clair c’est le prix mondial de la tonne de CO². Ce prix doit être dissuasif et accepté par tous les pays et, le cas échéant, sanctionné par des droits de douanes établis à l’encontre des pays qui ne joueraient par le jeu. 

Certes il faut du courage mais il faut surtout avoir le courage de ne poursuivre qu’une seule priorité, moins de carbone et de méthane au plus vite. Et c’est le prix qui choisira les bonnes pratiques, non des planifications systématiques de toutes nos organisations, encadrement impossible.

Car une dernière idée doit nous mobiliser : il n’y a pas ou peu d’inertie du climat. En revenant à une présence de CO² anthropique acceptable (on me dit que chaque 1000 gigatonnes de CO² en plus entraine un réchauffement de 0,45° alors nous en produisons à ce jour 40 gigatonnes chaque année). Non seulement nous cesserions de voir la température augmenter mais j’ai compris de plus – j’espère avoir bien tout compris – que le retour est possible vers des températures acceptables. L’impact climatique favorable d’un flux réduit ou neutre serait rapide et donc encourageant. Il ne s’agit pas d’un rocher de Sisyphe.

Il est donc possible d’espérer l’équilibre sans « tout faire sauter ». Fixons une priorité et une seule, la décarbonation. Retenons une arme et une seule, le prix mondial du CO². Imaginons une espérance et une seule, écarter la menace d’un climat supportable pour vivre libres.

Seuls la science et l’investissement peuvent nous libérer des utopies, des obsédés ou des démiurges, qui nous font perdre du temps même s’ils ont eu le mérite à un moment, d’attirer notre attention.

Gérard LONGUET, 1er Vice-Président de l’Office Parlementaire d’Évaluation des Choix Scientifiques et Technologiques (OPECST)

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