20. avril 2020 · Commentaires fermés sur Pour une sortie plus inventive et plus humaine du confinement des moins jeunes · Catégories: Actu
Préconiser le confinement des personnes âgées jusqu’à la fin de l’année, comme l’a fait la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, il y a quelques jours est une perspective désespérante. Conditionner la fin de cette situation à la mise au point et à la commercialisation d’un vaccin est tout aussi déprimant car, même si la mobilisation des chercheurs pour y parvenir est exceptionnelle, cela prendra encore de nombreux mois.
Mais surtout, c’est aller un peu vite dans l’analyse de la situation actuelle de l’épidémie du Covid-19. Certes, les personnes âgées sont les plus touchées par les manifestations les plus graves de l’épidémie et l’on sait que 75% des personnes décédées font partie de la classe d’âge des plus de 75 ans. Mais deux chiffres doivent aussi attirer l’attention.
Le premier est que 84% des personnes décédées présentaient des comorbidités : maladies cardiovasculaires, diabète, pathologies pulmonaires… Ce constat, de mieux en mieux documenté, permet d’isoler les groupes de population réellement à risques. Fort heureusement, toutes les personnes âgées n’entrent pas dans ces catégories, certaines sont en forme et très actives, rendent de grands services à l’économie, s’investissent dans le bénévolat associatif, ont un rôle majeur dans la solidarité intergénérationnelle.
Le second est que 38% des personnes entrées en réanimation ont entre 45 et 64 ans. Autrement dit, les personnes actives qui seront les premières à sortir du confinement pour, à raison, redonner vie à notre économie ne seront pas les moins épargnées par la poursuite de l’épidémie. Faut-il dès lors imposer un strict confinement aux seules personnes âgées ?
Comme le dit très bien l’Académie nationale de médecine, « la tentation simplificatrice consistant à gérer [la sortie de crise] par tranches d’âge et à imposer aux personnes âgées, au nom de leur propre protection, de rester confinées n’est pas satisfaisante ». Sans parler de la difficulté à définir la notion de personne âgée : plus de 65 ans, 70 ans, 75 ans ?
Dans ce contexte, il n’est pas étonnant de voir les prises de position et protestations inquiètes des seniors se multiplier. Par le refus d’un confinement maintenu pour les seules personnes âgées, ils souhaitent non seulement défendre leur droit à l’activité et au bien-être mais également insister sur les conséquences potentiellement désastreuses, notamment sur un plan sanitaire, d’une solitude prolongée.
La bonne solution est un appel à la prudence et à la responsabilité de chacun. Les personnes âgées doivent, comme les autres, respecter les gestes barrière et le reste de la population doit adopter une attitude particulièrement attentive à leur égard, notamment grâce au port d’un masque dans tous les lieux possibles de rencontre.
Mais c’est surtout dans le colloque singulier du patient avec son médecin que la décision d’une prolongation éventuelle du confinement doit être prise. Beaucoup de spécialistes le disent, le seul critère finalement valable est celui des fragilités cliniques individuelles.
Faisons confiance au bon sens et à la responsabilité des moins jeunes parmi nous. Gageons qu’ils sauront s’appuyer sur les conseils avisés des personnels soignants dont nous mesurons tous les jours la compétence et le dévouement auprès de nos concitoyens.
07. avril 2020 · Commentaires fermés sur Sortir du confinement et construire la mondialisation · Catégories: Actu
Décidemment la mondialisation en France n’a pas bonne
presse et la tragédie que la quasi-totalité du monde endure à présent depuis le
foyer initial de Wuhan n’arrangera rien pour son image. Le malheur vient des
autres, l’affaire est entendue !
Oui, la facilité des échanges, la circulation des
touristes comme celle des travailleurs de toutes sortes précipitent la
diffusion des catastrophes : la mondialisation ne fait qu’accélérer ce que
l’on connaît depuis la nuit des temps. La peste noire au XIVème siècle comme le
choléra au XIXème furent mondiaux, sans les bénéfices d’une solidarité
mondiale. Oui, l’actualité évoque des kidnappings de masques sanitaires en
Tchéquie au détriment de l’Italie, ou par préemption dans des aéroports au
détriment de nos entreprises ou de nos collectivités locales.
Mais retenons la coopération mondiale, les
laboratoires, les entreprises pharmaceutiques, les hôpitaux qui travaillent en
réseau avec des financements internationaux ou européens. Les coopérations
l’emportent sur la jalouse défense d’intérêts particuliers. Pour les
traitements comme pour les vaccins, pour les tests virologiques comme pour les
tests sérologiques, les coopérations sont d’autant plus évidentes que les
entreprises et les carrières des savants sont mondiales. Il faut simplement
l’habitude de la coopération et des règles du jeu communes et stables.
Car pour moi, en effet, la mondialisation n’est ni un
bien ni un mal mais une évidence avec laquelle il faudra vivre chaque année
plus et qu’il appartient d’appréhender pour chacun d’entre nous et pour les
collectivités auxquelles nous appartenons avec le sens des opportunités qu’elle
recèle.
Car si la mondialisation est irréversible, elle ne
fait disparaître à ce jour ni la diversité des cultures, ni la réalité des
institutions politiques territoriales de toute nature. La mondialisation est à
la fois superficielle et profonde. Il ne faut méconnaître aucun de ces deux
traits.
Superficielle car la diffusion mondiale d’outils
techniques identiques supportant des services en apparence semblables ne gomme
pas pour autant les diversités durables profondément enracinées, les religions,
par exemple. Les mêmes selfies, les mêmes containers, les mêmes Jets, ou la
même fibre optique, comme hier les mêmes jeans, les mêmes « big
mac », le même Coca, voire les mêmes chanteurs de U2 à Madonna nous suggèrent
un monde en apparence uniforme. Ces vingt dernières années, mes centaines de
déplacements professionnels en Europe, en Asie, en Afrique et même aux Etats
Unis, pays si singulier, m’ont vite fait comprendre que l’apparente identité
des décors de l’hôtellerie par exemple, modernes et somptueux pour les Grands
Hôtels de la Chine ou de l’Extrême Orient, clinquants dans le Golf,
inlassablement reconstruits dans la vieille Europe, il y avait profondément pour
chaque population locale des cultures et des comportements différenciés. De plus,
entre Etats les relations sont très hiérarchisées, la mondialisation n’est donc
ni homogène, ni équilibrée. Ce sentiment était le même que je voyage comme élu
en mission d’information, comme Ministre représentant la France, ou comme
Administrateur de Sociétés pour aider l’un ou l’autre de mes divers partenaires.
Les Etats continuent d’exister lorsqu’il s’agit pour
une entreprise de vendre, d’acheter, d’établir des relations « organisées »
avec d’autres partenaires sur un nouveau marché. Les investisseurs internationaux
de leur côté lorsqu’ils cherchent à valoriser l’épargne de leurs actionnaires
ne perdent jamais le sens des seuls intérêts de ces derniers ; ils sont bien
nationaux. Mais les conditions réalistes de la mise en valeur de tels ou tels
territoires qui leur sont étrangers à l’origine et qui ne sont jamais les mêmes
imposent pour eux l’adaptation. Investir « à l’étranger », c’est
comprendre à la fois le caractère inéluctable de la mondialisation et
reconnaître – pour ne pas être déçus et parfois ruinés – la spécificité du territoire
où l’on souhaite s’établir.
Ces derniers mois, j’ai beaucoup travaillé au Sénat
sur la souveraineté numérique. Pourquoi diable la mondialisation est-elle
inéluctable en ce domaine ? Parce que dans la nouvelle économie, mais ce
n’est pas vrai que du seul numérique, le « premier prend tout ». Et
pour être premier dans le monde, il faut une base locale solide et riche, pour
financer votre développement dans tous les pays. Si vous n’êtes pas mondial, la
probabilité que vous perdiez votre liberté d’entreprise est très forte. Les
marchés, tous les marchés, ceux des biens et des services, mais de plus en plus
ceux des sciences et des technologies, des loisirs, de la culture, des sports
ou du tourisme, sont dominés par des acteurs mondiaux. Ces acteurs, pour la
plupart d’entre eux ont une base géographique d’origine forte, mais se
construisent nécessairement une présence mondiale. Les Américains et les Chinois ne sont pas les
seuls ; trois exemples français me viennent à l’esprit, Air Liquide,
l’Oréal et LVMH. Il y en a d’autres, Safran, Thalès, Critéo ou Dassault System.
Mais force est de constater que l’univers des données, du numérique et des
services nouveaux qui en découlent est dominé par les Etats Unis et la Chine.
Et ces services numériques, ne nous y trompons pas, comme
le lierre sur l’arbre, dépouillent les entreprises installées qui chaque jour sont
de plus en plus dépendantes d’eux. C’est par exemple l’industrie hotellière
désormais dépendante de « Booking », ce sont les « hardware »
des télécoms absorbés par les services, et demain peut-être l’automobile dévorée
par les services de véhicules autonomes où se nichera la valeur. Ce sont la
pharmacie et le luxe qui peu à peu dépendraient des relations avec le patient
ou avec le client contrôlées par les services de données de masse, adossés à
l’Intelligence Artificielle.
La mondialisation heurte et bouscule les cultures
préexistantes. Par exemple, l’analyse génétique de masse prépare la médecine
prédictive. Et cette dernière rendra la solidarité face à l’aléa de santé plus
difficile, car assurer les cas faciles et seulement ceux-là deviendra peut-être
possible pour les assureurs cyniques. Sans oublier la « génétique
appliquée » non pour sélectionner les bovins ou diffuser des cultures vivrières
adaptées, mais bien au-delà pour instiller une tentation d’eugénisme discret au
profit de ce que l’on croit être les meilleures souches pour reproduire les
êtres humains quasi scientifiquement.
Je suis encore parlementaire et je suis toujours un
homme politique. Je dois des comptes à mes électeurs, les citoyens Français
dont je me sens en – toute petite – partie responsable, avec une affection plus
particulière pour les Lorrains et les Meusiens que je représente depuis si
(trop !) longtemps. Mon rôle n’est donc pas de faire d’abord un geste pour
la planète, il est bien de m’occuper des miens. Mais peut-on le faire sans participer
à un mouvement mondial, tant le monde est devenu global ? A chacun sa part
du fardeau et la vie de tous sera allégée. En un mot, si le champ des
confrontations, de toutes natures, est mondial, réussir pour ceux dont on a la
charge est une contribution utile pour le monde entier. L’échec de l’Europe
n’enrichira pas le Monde pas plus que cet échec ne sauverait la planète, bien
au contraire. L’oubli de la France ou l’oubli de notre Région, comme l’oubli
d’une culture libérale et humaniste dans la lignée de l’héritage judéo chrétien
n’est pas un service que l’homme politique européen rendrait au reste du Monde.
Parce que le Monde au plan politique ne peut être saisi comme une seule culture,
une seule voie vers le bonheur, un seul sens de la vie. Et pourtant ce Monde ne
peut oublier qu’il est un tout, parce que les découvertes valent pour tous,
parce que les acteurs économiques ont besoin d’être mondiaux, parce que même
mal comprises ou rejetées les idées et les informations cependant circulent à
la vitesse de la lumière et tous peuvent y accéder. Les hommes eux, circulent à
la vitesse du Jet, les biens matériels cheminent à la vitesse du container embarqué,
mais à un prix si modeste qu’en euros, Shanghai est plus proche d’Anvers que ne
l’est Tarbes de Paris, par exemple.
Simplement les espaces ne sont pas interchangeables et
ils ne l’ont d’ailleurs jamais été. Les différences restent. Les histoires sont
différentes. Japonais et Allemands ne font plus guère d’enfants. Pourquoi ?
De notre côté du Rhin au contraire cela va encore, même si… Au Sahel la
progéniture abondante reste la règle. Règle que réfutent les Chinois de Pékin mais
qu’acceptent les Indiens de New Delhi. Dans l’actualité mondiale des conflits
et des tensions, la volonté politique est bien faible en Europe, bien forte aux
Etats Unis, persévérante à Pékin, affirmée à Moscou avec des moyens pour cette
dernière bien moindres que les nôtres, pourtant.
La mondialisation s’impose comme une réalité à tous
les pouvoirs politiques, pourtant elle ne les condamne pas à disparaître. Trump
peut proclamer « America First » et en même temps il ne peut ignorer
le monde tel qu’il est à ce jour, le Covid19 le lui rappelle. Les Gafa surpuissants
ont besoin cependant de relations politiques apaisées entre les Etats Unis et
l’Asie. La majorité des Américains se soucie de l’environnement, ce que croit
pouvoir ignorer le Président Trump. Seraient-ils mondiaux ces citoyens de
base ? Ils le sont sans aller à ce jour jusqu’à renoncer aux conforts
acquis d’une économie goinfrée de matières premières.
Chacun vit la mondialisation à sa façon !
Les plus jeunes et les plus éduqués en Europe adhérent
semble-t-il à l’idée d’un monde uni, dominé par une élite sage et d’abord
respectueuse de l’environnement. La politique traditionnelle et les états historiques
céderaient la place à un fédéralisme paradisiaque mais totalement
insaisissable. Les avatars de ces mouvements sont innombrables des « Grünen »
historiques qui en Allemagne participent aux pouvoir jusqu’au nouveaux radicaux
d’« Extinction-Rebellion » qui refusent tout compromis. Les connaître
est utile pour l’homme politique même s’il est en général déconseillé de les
suivre au pied de la lettre. Ce sont en général ceux qui veulent un monde uni
et naturel qui en viennent à penser que l’homme est la première pollution du
monde et qu’il doit être toléré qu’au prix d’une infinie modestie et d’une grande
discrétion de son « empreinte ». En un mot l’homme civilisé doit
renoncer à ce qu’il a conquis, la décroissance est pour eux une évidente
nécessité.
Pour eux aussi la disparition de l’espèce n’est pas encore
programmée mais implicitement une forte réduction serait surement bienvenue !
Dans cette perspective qui veut donner l’exemple ? Personne !
D’autres imaginent, toujours hors des Etats, un
Gouvernement Mondial, qui s’imposerait par son autorité intellectuel et
technique. Il serait à la fois universel et « fusionnel ». La victoire
d’un politiquement correct sans contestation possible. Une sorte de Giec pour
tous, pour tout et tout le temps. En terme d’image, c’est l’enfant de Davos et de
l’Organisation des Nations Unies. A Davos, les intervenants s’adressent au
Monde du fond des Alpes Suisses. Or ils n’existent en réalité que par les
intérêts particuliers qu’ils ont su conquérir. Victoire médiatique d’un
instant, qui méconnaît la réalité des peuples. C’est un appel permanent aux « Gilets
Jaunes » de tout acabit.
Quant au gouvernement mondial adossé à l’ONU, il est à
peu près impensable : la paralysie du Conseil de Sécurité – aux torts
partagés des grandes nations disposant du véto – et le désordre de l’Assemblée
Générale nous prouvent que la conscience mondiale solidaire affichée ne dure
qu’autant que les intérêts nationaux, au demeurant compréhensibles faute d’être
légitimes, ne sont pas menacés : la vie mondiale est un conflit et l’ONU
n’a d’autorité que par l’entente des « très Grands ». Sans cela tout
est désordre : l’Europe se dresse contre l’huile de palme qui reste
cependant un espoir pour les paysans malais ou indonésiens. La France condamne
la forêt brésilienne qui brule en oubliant que notre richesse historique vient
de l’époque où nos moines et nos paysans défrichaient pour « labourer et
pâturer » ! Le Sud nous reproche notre consommation d’énergie mais ce
sont nos achats de matières premières qui leur permettent de décoller et
soulager ainsi le prix d’une démographie pour le mieux généreuse !
Pour rapprocher politiquement les nations que la
science, la technologie, l’économie, l’information et la culture relient, il
faut des autorités politiques passionnément enracinées et donc responsables de
leurs citoyens, obligées cependant, même si elles ont le sentiment de leur puissance
ou de leur légitimité, de composer avec les autres. Dans le monde d’aujourd’hui
il ne doit pas y avoir un actionnaire majoritaire pour diriger la
mondialisation. Tous y participent, à concurrence de leurs apports.
Lorsqu’il y a une Assemblée générale comme celle de
l’ONU, elle doit être ouverte aux alliances et aux compromis. Pas facile mais
indispensable.
Sans forum, sans rencontre, le désordre international
nous conduirait à la loi du plus fort, ou aux anarchies régionales. La loi du
plus fort n’est plus possible, car quelle nation voudrait porter la
responsabilité d’un nouvel ordre impérial, aucune. Le plus fort serait égoïste
et en même temps assiégé par tous les autres. L’avenir est plus
vraisemblablement dans la coopération active de Grands Systèmes
Régionaux : l’Amérique de « Monroe », l’Europe organisée et la
Russie qui doit lui être associée. L’Asie se cherche et craint le pouvoir
solitaire de la plus grande de ces puissances régionales. L’Afrique se
construit malgré tout. La mondialisation est un fait. Elle doit être organisée.
Le contraire, je le répète avec force, serait l’anarchie
et donc soit rapidement la tyrannie solitaire de la puissance la plus brutale
sans considération pour toutes les autres nations – et le XXème siècle a été
riche en tentatives – soit le règne
absolu du plus riche et du plus évolué techniquement, décidé à ne partager que
les miettes. Ni l’un ni l’autre ne serait acceptable ni pour notre construction
européenne, ni pour notre indépendance politique nationale qui est la garante
de notre liberté individuelle.
06. avril 2020 · Commentaires fermés sur L’absence de masque est le résultat des déficits de l’État · Catégories: Actu
Le Président Macron a raison, chaque
chose en son temps et d’abord vaincre le Covid-19. La France a su par le passé,
gagner des batailles en apparence mal engagées. Ancien Ministre de la Défense,
j’ai en tête mot à mot l’ordre du jour du Maréchal Joffre ouvrant la bataille
victorieuse de la Marne : « Une troupe qui ne pourra avancer devra se
faire tuer sur place plutôt que de reculer ». Le Gouvernement nous demande
un effort moindre, il suffit de rester chez soi. Nous devrions y
parvenir !
Mais comme le Président Macron nous dit
également que demain ne sera pas comme avant, il nous oblige à réfléchir. Deux
pays déjà nous font la morale, la Russie et la Chine, qui de concert, exaltent les
vertus de leur dirigisme énergique. Là encore, attendons la fin de la guerre
pour en connaître le prix exact dans ces deux grandes nations. Mais les
communiqués triomphants sont à cet instant, prématurés et malvenus.
En France, on redécouvre à la fois des vertus à l’État, tout en constatant une faiblesse logistique surprenante en ce qui concerne un matériel de base de sécurité, les masques principalement. Certains imaginent déjà le procès du capitalisme libéral, alors que ce sont des entreprises – grandes, très grandes ou parfois petites – qui dans la rapidité et avec imagination, achètent, acheminent, adaptent ou fabriquent ce qui nous manque.
Oui, trois fois oui au secteur
hospitalier public, mais tous les Préfets sur le terrain savent qu’il faut
mobiliser la médecine « de ville » et l’hospitalisation privée. Dans
le Grand Est, Jean Rottner en donne l’exemple parfait.
Pour les masques absents en début de
bataille, il faut revenir sur une évidence : un état trop déficitaire
rogne toujours sur le « Régalien », et surtout lorsque ce
« Régalien » apparaît comme faisant face à une charge jugée
hypothétique.
Oui, la Commission des Finances du Sénat en son temps, a examiné la gestion de la crise du H1N1, par Madame Bachelot, à l’occasion de l’examen de la Loi de Règlement du Budget 2009, dépense évaluée à 1 milliard d’Euros dont 150 millions pour les masques. Le Gouvernement en tire des conséquences de restriction et notamment le 2 novembre 2011 dans une instruction ministérielle, concernant sa stratégie dans les situations exceptionnelles. Seule la réalité des déficits de l’État explique que celui-ci ait demandé et obtenu une réforme de l’achat des masques, réforme qui nous laisse aujourd’hui désemparés. Madame Touraine, Ministre, entérine une politique antérieure à sa nomination et le Parlement vote un dispositif qui est le contraire de ce que demandait pourtant l’Office Parlementaire d’Évaluation des Choix Scientifiques et Technologiques (OPECST) en 2005, au travers du rapport du Député DOOR et de la Sénatrice BLANDIN. En un mot, le « Régalien », et tout particulièrement lorsque le risque parait aléatoire, sera toujours sacrifié par l’État, parce que ce dernier est lourdement déficitaire. Il choisit l’opinion de l’instant plus que les rendez-vous de l’avenir. Pour rétablir le « Régalien » et garder des réserves, on attend de L’État qu’il puisse investir, fût-ce inutilement en apparence.
La guerre, oui, est de la responsabilité de l’État. Mais l’armement des troupes et leur entraînement ne sont accessibles, lorsque l’on a une monnaie partagée qui ne permet ni l’endettement excessif, ni a fortiori l’inflation – impossible – qu’aux seuls états dont les budgets ont des marges. D’autres, et non des moindres en Europe y parviennent. Il faudra donc accélérer l’effort de redressement financier au moment où l’actualité dans un monde qui reste tragique, nous rappelle que l’État ne peut nous protéger que s’il s’en est donné les moyens.
La Commission d’Enquête du Sénat sur la Souveraineté
Numérique, dont je suis le rapporteur, a rendu publiques ses conclusions le 3
octobre dernier.
Cette commission a effectué 39 auditions plénières, dont 8 tables
rondes et 5 à huis clos, ce qui représente
près de 70
heures d’auditions (5 membres du Gouvernement, des scientifiques, des
hauts fonctionnaires, des membres d’autorités de régulation et des
représentants de grandes entreprises du numérique).
Pour connaître le processus de travail, les constats, ou encore les recommandations de la commission d’enquête, vous pouvez lire l’infographie jointe à cet article ou la télécharger ici en version PDF.
21. juin 2019 · Commentaires fermés sur La commission d’enquête sur la souveraineté numérique du Sénat · Catégories: Actu, En séance à Paris
Créée par le Sénat en avril 2019, la commission d’enquête sur la souveraineté numérique a pour but d’identifier les champs d’action en matière de souveraineté nationale dans le domaine numérique.
Dans un univers virtuel de plus en plus complexe, la commission d’enquête vise à savoir si « l’autorité des États, dont la République française, s’exerce dans ce monde ».
Explications en vidéo avec Franck Montaugé, le président de la commission d’enquête et Gérard Longuet, le rapporteur.
17. mai 2019 · Commentaires fermés sur Le 26 mai, pour moi, ce sera Bellamy ! · Catégories: Actu
Chère Madame, Cher Monsieur, Chers Amis,
Le 26 mai nous élirons nos représentants au Parlement Européen de Strasbourg. Pour la première fois depuis 20 ans, il s’agira d’une liste nationale, faisant fi de l’enracinement territorial des candidats.
Le vote sera donc strictement politique et l’on compte plus de 30 listes, dont beaucoup ne pourront même pas imprimer leurs bulletins de vote !
C’est une histoire de fou alors que l’enjeu devait être simple. Les Français n’auraient-ils donc, comme seul choix utile, que la liste du Président, ou bien celle de son challenger battu en mai 2017, Mme Le Pen ? Non, naturellement et heureusement !
Depuis 2 ans, j’ai acquis deux certitudes : Mme Le Pen est toujours hors d’état de présenter un projet pour la France et Emmanuel Macron n’est pas magique, bien au contraire. Soyons honnêtes, il n’est pas le seul dans ce cas.
J’apprécie que Les Républicains et le Centre aient choisi une tête nouvelle, jeune enseignant du public, philosophe et spécialiste de l’éducation, François-Xavier Bellamy. A 32 ans, élu municipal depuis 11 ans, il ne porte aucune part du passé de la Droite, mais il en forme assurément un atout pour l’avenir. Candidat aux côtés d’Arnaud Danjean et de Nadine Morano, dont les compétences ne sont plus à prouver, il nous permet aujourd’hui d’éviter le duopole frustrant Loiseau-Bardella, et de proposer une liberté de penser la France et un renouveau européen.
Tant mieux, car si Mme Le Pen semble ne rien avoir appris depuis son échec de mai 2017, nous avons, nous, beaucoup appris sur le Président Macron. Et en particulier, que sa solitude affirmée, était une mauvaise compagnie. Dans les épreuves de toute nature le Président nous a étonné par son singulier isolement : avoir raison contre tous, en France comme en Europe, repousser ceux qui ne lui étaient pas hostiles tant s’en faut mais pas alignés, puis se fâcher avec les Français de base (par des prélèvements sur les retraites, par exemple). Il n’a pas su pour autant rassurer les responsables par son refus, durant 2 ans, de s’attaquer en profondeur à nos dépenses publiques nationales. Nos déficits et en conséquence les charges fiscales d’aujourd’hui et de demain sont toujours aussi menaçantes.
Sa liste de candidats européens témoigne des contradictions de La République En Marche : une directrice de l’ENA en tête, alors que le Président veut supprimer cette école, et un écolo sectaire en second alors qu’il nous dit s’intéresser à l’industrie et à l’agriculture au moment même où ce candidat décourage par ses positions excessives.
Laisser seul Macron face à Le Pen c’est accepter de n’envisager que les seules mauvaises solutions : la solitude imprévisible du plus jeune et l’obscurantisme obstiné de la dame !
De toutes les listes, seule celle de François-Xavier Bellamy, Centre et Républicains, peut casser le couple décourageant de l’aventure personnelle, d’un côté, et du ringardisme anti-européen, de l’autre !
Un peu d’air neuf, un peu plus de choix, une espérance pour les années à venir, et donc beaucoup de Bellamy pour que le couvercle Macron-Le Pen n’étouffe pas la vie politique française, tel est mon vœu à l’occasion de ce rendez-vous. Je tenais à vous en faire part.
Espérant que chacun d’entre nous puisse entraîner avec lui, jusqu’à l’isoloir, les plus jeunes afin qu’ils participent à une notion forte, faite de solidarité, de collaboration et d’ambition : l’Europe.
Je vous prie de croire, Chère Madame, Cher Monsieur, Chers Amis, à l’assurance de mes cordiales salutations.
05. mars 2019 · Commentaires fermés sur 80Km/h : la mise au point du Sénat · Catégories: Actu
Les médias parlent, depuis quelques jours, du projet de loi du Sénat concernant les 80 km/h. Je souhaitais revenir sur ces propositions en vous proposant les articles très complets de la lettre d’information de l’Association des Maires de France (cliquez ici pour lire l’article) et la lettre d’information de l’Assemblée des Départements de France (voir la photo ci-contre) .
En résumé :
Le Sénat a adopté dernièrement (305 voix pour, 0 contre, 45 abstentions) une proposition de loi RDSE visant à « faciliter le désenclavement des territoires ». L’article 5 de ce texte prévoit que « le président du conseil départemental peut, par arrêté motivé et après avis de la commission départementale de la sécurité routière, fixer pour tout ou partie des routes départementales une vitesse maximale autorisée supérieure à celle prévue par le Code de la route. ».
Élisabeth Borne, Ministre des Transports, s’est montrée « défavorable » : « Je suis bien consciente que les 80 km/h ont pu être mal vécus et perçus comme peu équitables. Cela dit, il faut mettre cette mesure en regard du bilan de mortalité routière. L’évaluation est prévue pour début 2020. Ce sujet est discuté dans le cadre du grand débat, n’en préemptons pas les conclusions ».
Mon avis sur ce dossier :
Le bon sens doit être la ligne de conduite des décideurs publics, pas les effets d’annonce.
Pour les routes départementales par exemple, le Sénat veut laisser à ceux qui les connaissent, parce qu’ils les entretiennent, la lourde responsabilité d’en fixer les règles d’usage, limitation de vitesse comprise.
Plus proches des réalités, plus près de l’expérience et plus adaptable en cas d’erreur. Il devrait en être ainsi pour les règles de vitesse : plutôt que de punir tous et tout le temps, suivre cette maxime simple, connue de tous les militaires : « Le terrain commande ».
01. mars 2019 · Commentaires fermés sur Rendez-vous manqué du Gouvernement : le Sénat aux côtés des agriculteurs. · Catégories: Actu, Entreprises Meusienne
A l’issue des États Généraux de l’alimentation, les objectifs de la Loi n° 2018-938 du 30 octobre 2018 étaient ambitieux :
Relancer la création de valeur et en assurer l’équitable répartition
Permettre aux agriculteurs de vivre dignement de leur travail par le paiement au prix juste
Accompagner la transformation des modèles de production pour mieux répondre aux attentes des consommateurs
Promouvoir les choix de consommation privilégiant une alimentation saine, sûre et durable.
Or, la Loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous ne répond pas à nos attentes. Elle ne va pas améliorer le revenu des agriculteurs. Les nombreuses dispositions créent à l’inverse des charges nouvelles et véhiculent une image négative de l’agriculture. Alors même que les aides de la PAC diminuent.
La loi alourdit également les charges pour les collectivités territoriales.
Cette loi n’est pas une loi agricole, ce texte ne constitue qu’une partie d’un ensemble plus global.
Le Sénat a beaucoup travaillé sur ce texte afin qu’il évolue notamment en renforçant l’équilibre des relations commerciales. La majorité gouvernementale s’est montrée fermée à tout dialogue avec le Sénat.
Les propositions du Sénat sont balayées d’un grand revers de main.
La commission des Affaires économiques du Sénat a organisé plusieurs tables rondes pour évaluer les premiers effets de la loi EGALIM.
Quelques points à souligner :
L’importance de la mise en œuvre rapide des dispositions relatives aux prix abusivement bas et aux sanctions.
Les blocages autour des indicateurs de coût de production. Dans les secteurs où la contractualisation est obligatoire, beaucoup d’interprofessions n’ont pas encore construit ces indicateurs.
Les difficultés des négociations commerciales actuelles : les demandes de déflation des distributeurs dans les négociations en cours seraient de l’ordre de 1,5 à 4 %.
La nouvelle rente du relèvement du SRP de 10 % pour les distributeurs. Cette nouvelle marge serait réinjectée par les enseignes en baisses de prix et ne favoriserait pas le ruissellement vers les producteurs.
La tentation pour les distributeurs de contourner les règles de l’encadrement des promotions.
Les craintes sur les effets réels de la loi sur les revenus agricoles.
En décembre dernier la Commission des comptes de l’agriculture de la nation (CCAN) a présenté les comptes de l’agriculture pour l’année 2018.
En valeur, la production agricole augmente. La valeur de la production végétale augmente de 8,9 % grâce à l’augmentation conjuguée des volumes et des prix, alors que la production animale baisse en valeur tandis que les volumes stagnent.
Après 4 années de baisse, les charges repartent à la hausse essentiellement en raison de la remontée des prix de l’énergie et en particulier des carburants.
Les subventions d’exploitation s’élèvent à 7,8 milliards d’euros en 2018 soit une diminution de 193 millions d’euros.
Le Sénat a mis en place un groupe de suivi de la PAC avec 5 axes prioritaires :
Améliorer la gestion des risques et des crises.
Organiser les marchés et réinstaurer davantage de régulation.
Accroître la compétitivité de l’agriculture.
Encourager le lien entre agriculture et territoire.
Sortir d’une approche défensive en matière environnementale.
(Crédit photos : Est Républicain Verdun et Bar-le-Duc / www.estrepublicain.fr)
19. février 2019 · Commentaires fermés sur Mission Patrimoine : Stéphane Bern présente son action devant les parlementaires. · Catégories: Actu
Stéphane Bern et Brigitte Macron ont effectué une visite en Meuse, la semaine dernière, dans le cadre de la Mission Patrimoine.
Il y a peu de temps, Stéphane Bern est venu présenter, aux deux assemblées parlementaires, le bilan de la première année de la mission sur le patrimoine que lui a confiée le Président de la République.
Pour rappel, la mission patrimoine a pour tâche de rééquilibrer le décalage actuel dans les subventions octroyées aux projets menés dans les grandes villes et à celles distribuées dans les zones rurales.
Dans un premier temps, au cours d’un travail en étroite collaboration avec le chef de l’État, son épouse, la Fondation du Patrimoine et la Française Des Jeux, la Mission Patrimoine a effectué un recensement du patrimoine en péril (via une plateforme participative). Dans cette sélection, on retrouve des châteaux, des églises, des maisons de personnages illustres, des ponts, des lavoirs, des fontaines, des sites archéologiques, mais aussi des projets qui sont des témoignages du patrimoine du XXe siècle et/ou du patrimoine industriel. 269 sites ont été sélectionnés (Les projets portés par des collectivités territoriales ont été privilégiés).
Dans un deuxième temps, cette liste a été étudiée par un comité de sélection. Ce comité a privilégié volontairement les petites collectivités qui n’arrivent plus à restaurer leur patrimoine. 64 % des projets sélectionnés relèvent de collectivités publiques, 25 % de propriétaires privés et 11 % d’associations.
L’étape d’après fut la sortie de tickets de grattage et le loto du patrimoine. Le tirage a connu un véritable succès avec 30 % de tickets supplémentaires vendus par rapport à un tirage normal.
Concernant les tickets de grattage, 10% du prix de vente était destiné à la Fondation pour le patrimoine. Mais les taxes sur ces jeux de grattage alimentent aussi les caisses de l’État. Stéphane Bern suggère que ces taxes soient aussi affectées au patrimoine. Il a d’ailleurs remercié le Sénat d’avoir voté l’exonération des taxes sur ce loto exceptionnel et philanthropique. Ce texte n’a cependant pas été repris à l’Assemblée Nationale.
Stéphane Bern a souligné le fait que le Ministre de la Culture, Franck Riester, a permis de compenser ce manque à gagner par un dégel de 21 millions d’euros de crédits via les DRAC. A noter tout de même que ce dispositif n’est pas vraiment équivalent et que les circuits sont plus longs et plus complexes. Certains propriétaires s’en plaignent.
Au total 47 millions d’euros ont été récoltés dont 21 millions provenant des crédits dégelés, 22 millions du Loto du patrimoine et le reste du mécénat.
Selon Stéphane Bern, la sauvegarde du patrimoine va bien au-delà d’une simple question culturelle car elle contribue à la cohésion sociale et au développement économique des territoires. Il a profité de ces auditions pour souligner aux parlementaires les problèmes d’ingénierie administrative rencontrés par les communes dans les zones rurales. En effet, nombre de collectivités territoriales ne sollicitent pas les DRAC pour leur patrimoine en péril car elles ne connaissent pas les aides existantes ou ne parviennent pas à constituer les dossiers souvent complexes de demandes de subvention. Pour Stéphane Bern, un réel besoin de développer l’assistance à la maîtrise d’ouvrage pour les petites communes se fait sentir et il est nécessaire de soutenir les collectivités dans la protection de leur patrimoine. Les projets sélectionnés représentent toute la diversité du patrimoine de la France.
Devant les Sénateurs, Stéphane Bern a déclaré que le patrimoine devait redevenir une cause nationale. « La France est un pays le plus visité au monde : il est important que ses trésors soient en bon état. L’objectif de ces propositions est de créer un choc pour montrer aux Français qu’ils sont tous les dépositaires du patrimoine : ce n’est pas seulement à l’État et aux propriétaires d’agir. Chacun d’entre nous peut compléter leur action ».
Comme il l’a fait à Bar-le-Duc ce 15 février dernier à l’ancien Théâtre des Bleus de Bar, Stéphane Bern souhaite se déplacer en France pour constater les rénovations amorcées.
Pour 2019, l’année 2 du Loto du patrimoine, les besoins en financement sont encore importants. De nouveaux monuments en péril sont régulièrement inscrits sur la plateforme, et certains propriétaires de monuments ayant reçu le financement demandé en 2018 pour une première tranche, demandent en 2019 le financement pour une deuxième tranche. Stéphane Bern aimerait donc encourager le mécénat en rencontrant directement les entreprises. Pour cela il demande aux Sénateurs d’augmenter le plafond du mécénat d’entreprise, surtout celui des petites et moyennes entreprises et des entreprises de taille intermédiaire.
La mission confiée à Stéphane Bern est particulièrement intéressante pour nos territoires. Son expertise, ses idées innovantes et sa pugnacité permettront de valoriser notre patrimoine, le sortant d’une déshérence subie faute de moyens.
Bar-le-Duc, Préfecture de la Meuse, a été ravie d’accueillir Brigitte Macron et Stéphane Bern saluant, par la même, le travail de trois jeunes meusiens passionnés et l’ensemble de l’équipe des bénévoles, des donateurs et des partenaires gravitant autour du Théâtre des Bleus de Bar.